L'oléiculture a connu ces dernières années dans la wilaya de Batna une évolution notable, couronnée en 2011 par une abondante récolte de 186.000 quintaux dont 50.000 obtenus dans les régions de N'gaous et de Sefiane. L'essor de cette arboriculture s'explique en grande partie par l'adoption de techniques modernes, dont l'intensification (400 oliviers à l'hectare) et le recours à l'irrigation qui assurent des rendements ‘'réguliers et stables'', explique M. Mohamed-Lamine Grabsi, directeur de wilaya des services agricoles. Il est envisagé, à moyen terme, de planter 50.000 hectares supplémentaires, dont 70 % dans les zones propices à cette culture, notamment à N'gaous, Sefiane, Ain Touta et Barika, ajoute ce responsable. Les terres plantées d'oliviers qui ne dépassaient guère, à Batna, les 240 hectares en 2000, forment aujourd'hui une bande verte de 10.000 hectares qui contribue à protéger la wilaya contre la désertification. Les paysans de ces régions y ont trouvé une activité peu exigeante en termes d'efforts et qui garantit, en plus, des revenus d'appoint ''conséquents". La seule entrave à un essor plus important de cette culture réside, selon le même responsable, dans l'insuffisance de plants d'oliviers pour répondre aux demandes des agriculteurs et mettre en œuvre le programme de 50.000 hectares de plantations nouvelles. Des solutions ont été cependant adoptées pour surmonter cet écueil,, parmi lesquelles la réhabilitation de 17 pépinières, le recours de certaines coopératives au partenariat avec la pépinière de Boufarik (Blida) et l'utilisation des techniques modernes pou la production de plants ''de sorte à arriver à faire face à l'actuelle demande dans une année ou deux'', ajoute M. Grabsi. Les cadres locaux du secteur entendent en outre relever le challenge de transformer, dans les prochaines années, la région de N'gaous en pôle oléicole afin d'accompagner l'évolution de la production d'olives enregistrée d'une année à une autre dans cette zone de la wilaya qui comprend également la commune de Sefiane. Les services agricoles affirment, dans ce contexte, que dix huileries sont programmées, dont sept dans la daïra de N'gaous, afin de mieux valoriser la production locale et encourager, parallèlement, la création d'unités de conditionnement d'olives de table dans le cadre des dispositifs de soutien à la filière mis en place par les pouvoirs publics. DEFI Les oléiculteurs de Sefiane se fixent pour défi, quant à eux, de planter un demi-million d'oliviers, affirme le président de l'association El Amel pour la promotion de l'agriculture, M. Belgacem Regaa qui signale que la récolte de cette localité est "enlevée entièrement par des opérateurs de l'Ouest du pays en l'absence d'unités locales de conditionnement". Au cours de la dernière campagne de récolte, Sefiane s'était transformée en ‘'carrefour'' pour les opérateurs des wilayas de Mascara, de Ain Defla et de Rélizane dont certains ont affirmé à l'APS que des olives de Sefiane sont d'une qualité "exceptionnelle". M. Kheir Bouakaz, oléiculteur à Sefiane, signale que ‘'si cette activité commence à attirer les jeunes, il faudrait songer à créer des unités de transformation sur place pour que cette culture s'épanouisse davantage et génère un nombre accru d'emplois pour les enfants de la région''. Fautes d'unités modernes, les vielles huileries familiales et la pratique artisanale de conditionnement n'arrivent à traiter qu'une infime partie de la production écoulée de ce fait sur le marché ''à l'état brut'', ajoute Abdelmadji Chelihi, agriculteur à Sefiane. Les olives de cette région proche de N'gaous sont vendues depuis quelques années sous les labels des localités où elles sont conditionnées, regrette encore ce fellah qui signale que la qualité de l'olive locale l'habilite même à pénétrer les marchés internationaux. Selon les professionnels de la filière, la production de région des Aurès évoluera encore plus avec les actions en cours de création de nouveaux vergers, favorisées par le soutien public et l'engouement des agriculteurs locaux. "L'olivier est un arbre béni et généreux qui n'a besoin que de peu d'attention pour fructifier avec abondance'', affirme Hadj Nadni (81 ans), en montrant du doigt un olivier biséculaire qui continue à ce jour de porter ses fruits. Il dit regretter de ne plus pouvoir "encenser cet arbre plein de baraka" comme il le faisait par le passé.