La disposition de la Loi de finances complémentaire pour 2009 (LFC 2009) relative au paiement des importations de biens et de services au moyen exclusif du crédit documentaire avait soulevé, rappelle-t-on, une levée de bouclier chez la communauté d'affaires évoquant des problèmes de trésorerie qui pourraient asphyxier les entreprises, notamment celles de taille petite et moyenne. Les patrons avaient même évoqué «un danger réel pour l'économie nationale» qui se traduirait par une rupture de matière première dans le secteur productif mais aussi par des pénuries au niveau du commerce de détail. Mais les concernés commencent à faire contre mauvaise fortune devant l'intransigeance du gouvernement à revenir sur cette décision. La lettre de crédit documentaire est définitivement entrée dans les mœurs des importateurs et des opérateurs économiques. En témoigne la hausse importante des flux d'opérations crédoc. Depuis l'entrée en vigueur de la LFC 2009 le mois de juillet dernier, les banques constatent une hausse vertigineuse des demandes pour l'ouverture de lettres de crédit documentaire. Au niveau de la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR), la moyenne d'opérations Credoc était, avant juillet 2009, de 80 par mois. Elle est passée à 400 par mois à fin septembre. Ces données ont été communiquées par Boualem Djebbar, président directeur général de la BADR qui a multiplié les sorties sur les terrains et les rencontres avec les opérateurs économiques pour expliquer ce nouveau dispositif, sujet à controverse. Sa dernière escale a été à l'Ouest du pays, plus exactement à l'Hôtel Eden d'Oran et Belair d'Aïn Temouchent où il s'est attelé à souligner les vertus du paiement par la formule de lettre de crédit documentaire au cours d'une rencontre-débat qui a regroupé les responsables de la BADR et des clients. Rien que pour les mois de juillet, août et septembre, plus de 727 opérations ont été traitées globalement, soit une hausse importante de 675%. La BADR, a-t-il indiqué, a pris toutes les dispositions pour mieux maîtriser les délais dans le traitement de ces demandes. Elle a, d'ores et déjà, procédé au renforcement de ses capacités et de ses équipes afin de faire face à cette nouvelle effervescence. «L'Ouverture d'une lettre de crédit ne peut excéder une semaine tout au plus et 48h à Alger», a assuré M.Djebbar qui avait déjà fait le déplacement vers Constantine, Batna, Ouargla, Béchar, Oum El Bouaghi et Béjaïa après avoir organisé des rencontres à Alger pour rassurer les opérateurs économiques et recueillir leurs appréhensions. Le PDG de la BADR obéit ainsi à une instruction du ministère des Finances qui a lancé une campagne de communications sur la lettre de crédit documentaire. La BADR emboîte le pas à la Banque extérieure d'Algérie (BEA) qui a même assoupli les procédures en proposant aux importateurs de matières premières des crédits documentaires (Credoc) à paiement différé et le crédit-relais. Selon le PDG de la BEA, Mohamed Loukal, les Credoc à paiement différé auront des échéances de 30, 90 et 180 jours et peuvent aller jusqu'à un an. Il avait précisé que si l'importateur n'est pas en mesure de payer son crédit à la fin de l'échéance, la BEA pourra transformer son Credoc en un crédit-relais. Selon le journal en ligne Tout Sur l'Algérie, le gouvernement «compte assouplir les conditions d'importation pour certains opérateurs économiques jugés sérieux et transparents» en introduisant des dispositions dans le projet de la Loi de finances pour l'exercice 2010.