Plusieurs pays africains ont un «sérieux déficit» dans leurs capacités de lutte contre le terrorisme et les crimes connexes qui demeurent une menace à la paix, la stabilité et la sécurité notamment dans la sous-région du Sahel, a indiqué mardi à Alger le directeur du Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme (CAERT), Francisco Caetano José Madeira. «Nous sommes arrivés à la conclusion qu'il existait un déficit sérieux en moyens de lutte antiterroriste dans plusieurs pays africains», a précisé M. Madeira à l'ouverture d'un cours sur l'»analyse du renseignement opérationnel» au profit de 30 participants venus de 13 pays africains, organisé au siège du CAERT avec l'appui de la police fédérale d'Allemagne (BKA). Le déficit se traduit à travers l'»insuffisance de capacité pour lutter contre le terrorisme, le nombre réduit d'officiers de renseignement parfaitement informés et le manque de moyens pour la collecte du renseignement et l'analyse», selon le responsable du CAERT. «Tous ces éléments, nécessairement indispensables, sont utilisés pour prévoir les menaces terroristes et élaborer les plans d'action pour les juguler», a notamment soutenu M. Madeira. Il a constaté également une carence dans la protection des infrastructures et sites sensibles essentiellement dans la région du Sahel, appelant à renforcer l'appareil judiciaire dans les pays de cette sous-région pour lutter efficacement contre le terrorisme et les réseaux du crime organisé. Il a indiqué, en outre, que le terrorisme et les crimes connexes «continuent de représenter une grave menace à l'unité et l'intégrité territoriale des Etats du Sahel». Les conséquences de la crise libyenne M. Madeira a relevé ainsi différents défis que les pays du Sahel devront relever, telles les conséquences de la crise libyenne ayant généré une circulation d'armes de tous calibres et un retour d'éléments armés dans la région. Il a, dans ce contexte, rappelé les derniers événements que connaît le nord du Mali, caractérisé par une rébellion sécessionnistes et la multiplication de groupes armés, se revendiquant islamistes. Face à cette situation, M. Madeira a fait part de la nécessité pour le CAERT d'»adapter ses priorités et diriger une partie de ses actions pour apporter une réponse effective à ces faiblesses et défis, et ce à travers une formation continue dans le domaine du renforcement des capacités de lutte contre le terrorisme». Il a indiqué, à cet effet, que le CAERT organise une formation régionale qui sera suivie par une série d'autres visant à prévenir et combattre le terrorisme sous toutes ses formes. Durant deux semaines, des experts allemands vont enseigner les techniques d'évaluation et d'analyse à des responsables des pays du Sahel, de l'Amisom et du gouvernement de transition de Somalie et du Nigeria. Ce type de formations «nous permettra de renforcer nos capacités et mécanismes de sécurité ainsi que nos méthodes de travail et améliorer nos aptitudes analytiques pour bien appréhender les évènements qui se produisent autour de nous et contribuer à la lutte régionale contre la terreur et les crimes connexes», a souligné M. Madeira. De son côté, l'ambassadrice d'Allemagne en Algérie, Mme Jutta Wolke, a indiqué que le terrorisme est «un phénomène mondial qui ne pourrait être vaincu que dans le cadre d'une coopération internationale». Elle a souligné l'impératif d'»échanger des informations et de développer des stratégies communes», ajoutant que «cela consiste à dispenser des séminaires et formations afin de développer l'efficacité de chaque service de sécurité dans notre réponse commune au fléau du terrorisme». L'Allemagne apporte, depuis 2006, son soutien au CAERT dans le domaine du renforcement des capacités de lutte contre le terrorisme.