Loin des aprioris dans lesquelles progresse généralement le milieu carcéral, le 5eme Salon de la main d'œuvre pénale, organisée du 19 au 24 Octobre 2009 à Alger, a connu un franc succès. Des lits, des canapés, des tables, des chaises, des tapis, des vêtements et même des fruits et légumes faisaient partie des nombreux produits pénitenciers présentés au public. Plus surprenant, certaines marchandises exposées au milieu des dédales de l'exposition sont tout bonnement introuvables sur le marché classique. C'est le cas des ustensiles en aluminium sculptés par les détenus de Tizi-Ouzou, et qui rencontrent beaucoup de succès auprès des visiteurs. D'après le responsable du centre pénitencier de Tizi-Ouzou «Le savoir-faire est propre aux détenus de ce centre et ces produits sont introuvable hors du Salon». Les produits féminins sont eux aussi largement représentés à l'occasion de cette manifestation. C'est ainsi que le centre de Sidi Bel-Abbes se démarque des autres établissements pénitenciers en exposant entre autre des robes de mariées et des robes de soirées confectionnées par les locatrices des quartiers femmes. Vendus lors des Salons, de tournois et autres rencontres dédiés au milieu carcéral, ces produits sont une manière pour les détenus de gagner de l'argent sur les produits qu'ils créent. Et ce n'est pas tout. Ces initiatives rentrent dans un processus de réinsertion sociale. A ce titre, des formations diplomates sont proposées aux détenus dans le cadre des travaux qu'ils effectuent. «Une manière d'assurer leur réinsertion dans la société à leur sortie» a indiqué un responsable rencontré sur les lieux. Organisé sous l'égide du ministère de la Justice pour sensibiliser les gens quant aux conditions de détention et à la vie carcérale, le Salon permet aux visiteurs de découvrir une face du milieu carcéral qu'ils ne soupçonnaient pas. A ce sujet, des produits qui, à priori, n'ont rien à voir avec le milieu pénitencier, sont entreposés dans un coin de l'exposition comme cachés des regards. Des dattes, des pommes de terre, des fruits secs, des tomates et d'autres produits agricoles que les passants découvrent avec stupéfaction. Ils sont produits par les détenus dans des fermes adaptées ou des bases de vies, d'après ce que nous a expliqué un ingénieur agronome affilé au centre pénitencier d'Oran. Selon lui, encadré par des professionnels du secteur, les détenus s'adonnent à la production agricole en tout genre partout dans le pays. Les critères pour le travail en milieu ouvert sont drastiques mais les résultats sont probants. «Ces fruits et légumes de qualité sont produits à moindre coûts. Des gens du métier veillent à la formation des détenus qui œuvrent dans les fermes» a-t-il insisté. «Ces produits agricoles sont dans un premier temps vendus aux autres établissements pénitenciers. Mais grâce à des conventions qui entreront en vigueur bientôt, nous ne désespérons pas de vendre ces produits directement au public» a-t-il indiqué. Pour ce qui est des salaires, les détenus percevraient 110 dinars par jour de travail. Une somme qu'ils perçoivent sous forme de ligne de crédit qu'ils peuvent dépenser au niveau de leurs établissements pénitenciers respectifs (consommation dans les foyers, tabac, etc.…).