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Emeutes d'El-Ançor : Le verdict a été mis en délibéré pour lundi prochain : 18 mois de prison requis contre 24 accusés et un mandat d'arrêt contre les personnes en fuite
Une peine de 18 mois de prison ferme a été requise, hier, par le représentant du ministère public contre 24 personnes impliquées dans les émeutes qui ont secoué la localité d'El-Ançor, la semaine écoulée. Outre ces ses sanctions privatives de liberté, le parquet a requis des amendes de 10.000 DA pour chacun. Contre les personnes en fuite, au nombre de 6, il a requis un mandat d'arrêt. Les familles des personnes accusées, au nombre de 24, accompagnées par plusieurs centaines de voisins du village, dans un indescriptible élan de solidarité et de compassion, se sont déplacées en masse à Aïn El-Turck, à l'occasion du jugement des «présumés émeutiers». Le coup d'envoi du procès n'aura lieu qu'aux environs de 13h30. Le président d'audience appelle enfin l'affaire. 19 accusés sont ramenés de la geôle, 5 autres comparaissent libres après avoir bénéficié de la remise en liberté avec citation directe par le procureur de la République, le jour de présentation, jeudi dernier. Une panoplie de charges délictuelles est retenue contre les mis en cause, jugés dans le cadre de la procédure du flagrant délit : attroupement illégal non armé, trouble à l'ordre public, destruction de biens d'autrui et vol. 6 autres mis en cause, en état de fuite, devaient être jugés par défaut. Les débats commencent. Tour à tour, les accusés se relayent à la barre. Evitant à juste titre une sentence «sur dossier», le juge voulait savoir la responsabilité de tout un chacun dans la flambée de violence qui a eu lieu le mardi 27 octobre. Il faut dire que les déclarations des accusés devant la justice contrastaient singulièrement d'avec les dépositions consignées sur les P.V. d'audition établis par les services de la brigade. En tout cas, à un ou deux prévenus près, tout le monde a nié en bloc les faits retenus contre eux par la police judiciaire. Le représentant local de l'UNJA, l'un des cinq accusés remis en liberté provisoire par le parquet, a insisté sur le caractère pacifique et légal de la manifestation observée par la population depuis le samedi 24 au lundi 26 octobre. Il s'est dit non responsable de la dégénérescence de cette action de protestation, au quatrième jour (le mardi 27 octobre), d'autant a-t-il précisé, que les négociations des représentants associatifs avec le chef de Daïra, d'une part, et avec les instances de wilaya, à leur tête le P/APW, le DMI et le sénateur D. Brahma se sont soldées par des promesses officielles pour la prise en charge des doléances de la population concernant l'impact des gravières sur le tissu urbain, la santé publique et l'environnement. Or, personne n'était en mesure de répondre clairement à la question récurrente du juge, quant à savoir «Qui est-ce qui a déclenché le déclic de la manifestation en mettant le feu à la mèche ?». Le président de l'association pour la protection de l'environnement et du patrimoine ONSA, Mrah El-Ansri, l'instigateur présumé de la révolte collective, s'est défendu de toute accusation, dénonçant «un complot ourdi contre lui par des parties occultes». Après la plaidoirie du juriste représentant l'APC d'El-Ançor, qui s'est constituée partie civile, le représentant du ministère public a pris la parole. Insistant sur la gravité des faits en soulignant « les actes de dégradation de biens publics et privés, le vandalisme, le pillage et l'incendie volontaire qui ont visé la base de vie et une partie du parc roulant des deux sociétés minières algéro-turques CPMC-Kogay et Chifa Balast-Ozmert », le procureur de la République a requis une peine de 18 mois de prison ferme contre les 24 accusés présents, assortie d'une amende de 10.000 DA, ainsi qu'un mandat d'arrêt contre les 6 accusés en cavale. Les avocats de la défense ont, dans leur ensemble, dénoncé «des arrestations abusives et arbitraires», critiquant «une justice de masse, ou de paquet», pour reprendre leurs propres termes. Ils ont plaidé «non coupable», demandant la relaxe pure et simple de leurs mandants.