Le lever de rideau pour la session criminelle, au niveau de la Cour d'Oran, aura lieu demain. Le fait le plus remarquable qui ressort de la lecture du rôle de cette 3ème session ordinaire de l'année 2009, c'est le nombre important des affaires dites de «crime organisé et de grand banditisme». Frappés du sceau «top secret», ces dossiers, au nombre de huit, ont été ficelés au niveau des deux chambres d'instruction près le Pôle spécialisé, ou le Tribunal pénal à compétence élargi de la région ouest. Les quelques bribes d'information qui ont filtré jusque-là de ces dossiers très confidentiels indiquent -qu'il s'agit d'affaires liées à des réseaux criminels faisant dans le trafic de drogue, la contrebande, tous produits confondus -(cigarettes, carburant, bétail, produits alimentaires, médicaments…), tant par les voies terrestres que par les voies maritimes, le blanchiment d'argent, le trafic d'armes, le soutien logistique aux groupes terroristes armés, entre autres. Un autre élément d'information : certaines de ces affaires, à l'instar de celle relative au réseau de narcotrafiquants démantelé, en février 2008, par les éléments de la Garde-frontière de Béchar lors d'une opération d'acheminement de 8 tonnes de kif à partir des frontières marocaines, ont trait au trafic transfrontalier de stupéfiants. D'où ce trait commun entre ces affaires : la genèse des faits a pour cadre la bande frontalière ouest, notamment les territoires des wilayas de Tlemcen et Béchar, selon nos sources. Par ailleurs, les rapports d'enquête transmis par les services de sécurité au parquet font état de la saisie de plusieurs véhicules tout-terrain 4x4, des jumelles nocturnes, des téléphones cellulaires, un lot d'armes à feu dont des kalachnikovs, des cartes géographiques, entre autre matériel utilisé dans le transport et le convoyage des marchandises prohibées. D'autre part, le tribunal criminel d'Oran aura à examiner, lors de son audience du 16 novembre prochain, un dossier peu commun dans les anales de la chronique judiciaire locale. Il s'agit d'une affaire d'espionnage, impliquant un ressortissant égyptien. En effet, selon nos sources, un Egyptien, la quarantaine, ingénieur de métier, est poursuivi par la justice algérienne pour « espionnage », à caractère industriel, avec la complicité de deux Algériens, dont une femme, qui sont accusés, eux, de « trahison ». Dans le collimateur des services de sécurité, les trois mis en cause ont été arrêtés en flagrant délit au niveau de la zone pétrochimique d'Arzew, fin 2008. La fouille dans les affaires de l'Egyptien répondant aux initiales de M.A.M.I, qui travaille avec ses deux présumés acolytes algériens dans une compagnie étrangère, dont on ne citera pas le nom ici, chargée de la réalisation d'un projet de gazoduc sous-marin pour l'approvisionnement de l'Espagne en gaz à partir de la raffinerie d'Arzew, a permis aux enquêteurs de découvrir des photos de sites stratégiques, contenues dans un CD codé. Pour faire diversion, le présumé agent secret égyptien a usé d'un artifice simple, plutôt rudimentaire dans l'abécédaire d'espionnage: des photos souvenir. M.A.M.I et ses deux « copains » algériens ont pu ainsi réaliser un album très épais -contenant plusieurs centaines de photos avec un arrière-plan mettant bien en évidence des zones stratégiques et des compartiments- non seulement interdits à la photographie, l'enregistrement vidéo et tout autre support de données graphiques ou audiovisuelles, mais interdits d'accès carrément. Pour qui travaillait cet espion ? Quel était l'objet exact de sa mission ? A-t-il pu livrer des informations à son recruteur avant de tomber dans le filet ?...Autant de questions qui restent en suspens, en attendant le procès du 16 novembre. Une chose est sûre, l'affaire n'a pas encore livré tous ses secrets. Pour revenir au programme de la session criminelle, il importe de noter qu'il y a au menu 92 affaires, et que la clôture aura lieu le 7 janvier 2010.