La CNMA-Banque, sera-t-elle transformée en Crédit mutuel rural? Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa, qui répondait à une question d'un député lors d'une séance consacrée aux questions orales sur la gestion du crédit agricole «Rfig» a affirmé que son département attend l'autorisation de la Banque d'Algérie pour lancer le Crédit mutuel rural. Le ministre n'a pas donné des précisions sur le fonctionnement et l'institution appelée à gérer ce nouveau produit. Cependant, faut-il le rappeler, des professionnels avaient en juin dernier suggéré la transformation de la CNMA-Banque en Crédit mutuel rural. Le Crédit mutuel rural explique-t-on « est le plus approprié et le plus adapté au regard de l'environnement rural ». Les pouvoirs publics sont plutôt favorables. Le système de financement classique est difficilement adaptable au secteur de l'agriculture où les risques sont importants, en raison des structures d'exploitation, généralement des petites exploitations ne présentant pas assez de garanties pour accéder à un prêt bancaire. L'expérience de la CNMA-Banque en est une preuve éclatante. Deux années après avoir été agréée par la Banque d'Algérie, CNMA-Banque s'est retrouvée, depuis septembre 2008, gérée par un administrateur provisoire. La banque a distribué énormément de crédits sans faire attention aux ressources disponibles. Cette situation a engendré un cumul de 19,4 milliards de dinars de créances que les adhérents de la CNMA-Banque n'arrivaient pas à rembourser, avant que le président de la République décide- d'effacer cette dette et celle due à la Banque de l'agriculture et de développement rural (Badr) -et dont le total s'élève à 41 milliards de DA. Du fait qu'elle a hérité à sa création d'un lourd portefeuille de crédits impayés de la CNMA mère, la CNMA-Banque s'est retrouvée avec un actif net négatif de 15 milliards de dinars, entraînant la nomination par la Banque d'Algérie d'un administrateur. Pour la société de leasing, en cours de liquidation, les pertes en cours sont aussi lourdes. Selon un rapport du ministère des Finances, les pertes sont estimées à près de 2 milliards de dinars de crédits leasing en raison du détournement de la destination des crédits, contraire à ses dispositions statutaires. D'où la décision prise par les pouvoirs publics de procéder à sa liquidation. Le directeur général de la CNMA estime que “le monde agricole et rural est un monde particulier. Avec une mentalité particulière et un fonctionnement qui lui sont propres et qui ne tiennent pas forcément compte des pratiques financières orthodoxes”. C'est pourquoi, plaide-t-il, les mécanismes de son financement doivent obéir à la mise en place d'un monde adapté et qui lui soit propre. “Les nombreuses doléances que nous recueillons lors de nos différentes sorties sur le terrain attestent de l'existence, chez les agriculteurs, d'une attente réelle de voir se mettre en place un autre mode de financement qui aurait pour nom le Crédit mutuel rural”, avait souligné M. Arba Kamel. Beaucoup d'agriculteurs sont convaincus que la transformation de la CNMA-Banque en Crédit mutuel rural “est possible”. Les caisses régionales de mutualité agricole et leurs bureaux locaux offrent cette logistique indispensable au démarrage de cet organisme. CNMA-Banque passera ainsi d'une société par actions(SPA), dont l'assemblée générale est composée d'actionnaires majoritaires, à une mutuelle dont les membres sont des sociétaires égaux. Erreur qui ne devrait pas être répétée -est celle qui consiste à amalgamer la gestion d'un organisme financier avec les relations d'intérêt ou d'amitié -que pourraient faire valoir le prétendant au crédit. L'échec, de la CNMA-banque, «doit nous servir d'exemple pour tirer les leçons et éviter à l'avenir de reproduire les mêmes erreurs». Et encore, ce nouvel instrument soit adossé à un fonds mutuel de garantie qui devra servir, selon l'orateur, à soulager l'endettement partiel ou total du débiteur.