Deux narcotrafiquants notoires comparaissaient hier devant le tribunal criminel d'Oran, lors de son audience inaugurale de la 3ème session criminelle 2009. Non pour leur implication dans une énième affaire de trafic de drogue, mais, cette fois-ci, pour répondre des chefs d'accusation de « détention d'arme à feu de 1ère catégorie, faux et usage de faux, trafic d'armes à feu et falsification de documents administratifs ». Casier judiciaire « bourré » de condamnations au point où il n'en reste plus de cases vierges, pour l'un comme pour l'autre, les deux accusés -répondant aux initiales S.M. et B.R.- la cinquantaine, étaient en très mauvaise posture : leur dossier était difficilement défendable eu égard aux faits avérés qui leur sont reprochés. Aussi, leurs avocats, ont-ils eu toute la peine du monde à plaider leur cause et, n'ayant qu'une très mince marge de manouvre, ils ont essayé de faire feu de tout « code » pour disculper leurs mandants respectifs ou, à tout le moins, obtenir les circonstances atténuantes. L'acte de la vengeance
Les faits de l'affaire remontent au 2 décembre 2007. Ce jour-là, agissant sur informations, les services de sécurité opèrent une perquisition dans le domicile de S.M., situé dans la localité d'El-Kerma, dans la périphérie Ouest d'Oran. Ce faisant, les gendarmes espéraient faire une belle prise de kif. Au lieu de quoi, ils ont trouvé une panoplie d'armes blanches et, surtout, une arme à feu, un pistolet automatique de maque Beretta 6.35 de calibre 9 millimètres ainsi que deux faux permis de conduire- au nom du deuxième coaccusé B.R.- qui n'est autre qu'un proche parent de S.M. Selon le rapport établi par le laboratoire régional de la Police scientifique, les deux permis de conduire, délivrés dans la wilaya de Sétif, étaient des documents falsifiés, y compris le numéro de série. Arrêté sur place, S.M. déclara que l'arme à feu appartenait à son cousin B.R.- qui la lui avait remis en guise de « garantie » -d'une dette de 12 millions de centimes. Allégations démenties en bloc par B.R. Ce dernier répliqua être victime d'un acte de vengeance par son cousin. Selon lui, il était animé d'un esprit revanchard à son égard, et ce, pour un règlement de comptes en relation avec une affaire de trafic de kif qui leur a valu 8 ans de prison (entre 1998 et 2005) passés ensemble à Saïda. Dans son réquisitoire, la procureure générale a remarqué que « ces armes et ces faux documents avaient un lien direct avec l'activité criminelle des deux mis en cause, qui étaient, casier judiciaire à l'appui, des barons de kif ». La représentante du ministère public a requis 15 ans d'emprisonnement contre B.R. et 7 ans d'emprisonnement contre son codétenu S.M. A l'issue des délibérations, S.M. a été condamné à 5 ans de réclusion criminelle. B.R., quant à lui, a été acquitté.