Mis en délibéré à l'issue de l'audience qui s'est tenue mercredi devant le tribunal criminel d'Oran, le verdict concernant l'affaire du réseau transsaharien de trafic de drogue, trafic d'armes et de contrebande de cigarettes, est tombé en fin de semaine à une heure tardive. La sentence de la Cour était exactement conforme au réquisitoire du représentant du ministère public. En effet, le tribunal criminel d'Oran a condamné le principal accusé, T.H., le baron ayant ouvert le feu sur les éléments de la GGF lors de l'opération de saisie de 2 tonnes de drogue en mars 2003 au lieudit Oued Arid (Béchar), à la réclusion à perpétuité, et à une peine de 20 ans d'emprisonnement pour six autres accusés. Par ailleurs, un mandat d'arrêt a été émis contre un huitième accusé, un narcotrafiquant notoire d'origine mauritanienne, activement recherché par les services de sécurité. Pour rappel, le procès de ce gros réseau de trafic transfrontalier de drogue a été ouvert mercredi par le tribunal criminel d'Oran. Le dossier avait été instruit au niveau du Pôle pénal spécialisé de la région Ouest, à Oran. Sept personnes comparaissaient sous les chefs d'accusation de, entre autres, «détention et trafic de drogue par une organisation criminelle, détention d'armes et de matériel militaire». Le démantèlement de ce groupuscule remonte au mois de mars 2008, avec la saisie à Béchar de 2 tonnes de kif. Le 18 mars 2008, la compagnie 103 du Groupement des gardes-frontières (GGF) de Hassi Khabi a réussi à déjouer une opération d'acheminement de 2.000 kilos de résine de cannabis et 4.520 cartouches de cigarettes de marque «Legend», transportés à bord de trois véhicules 4x4 de marque Toyota-Station, au lieu-dit Oued Arid. A l'issue d'un violent accrochage, les trafiquants ont pu prendre la fuite en direction du territoire marocain, laissant sur les lieux, outre les trois 4x4, deux motos de grosse cylindrée de type Yamaha, des téléphones cellulaires, mais surtout trois pièces d'identité, portant les noms de Saïdamo Mohamed, Salem Nafâa et Amar Tergui, lesquels documents serviront plus tard comme fil d'Ariane aux enquêteurs. Les investigations ont révélé que les trois véhicules saisis, immatriculés à Alger, faisaient partie d'un lot de 86 voitures neuves de même type, achetées par un certain Zénati Kheïreddine, gros bonnet du kif activement recherché entre 2006 et 2008. Le même mois, à quelques jours d'intervalle, l'armée a avorté, à Béchar, une autre opération de convoyage de drogue, mettant la main sur deux Toyota-Station, un arsenal d'armes composé de 2 fusils Kalachnikov, des grenades, 40 chargeurs, un appareil de géo- localisation GPS, des téléphones «Thuraya», des jumelles nocturnes, ainsi que 7 barils d'essence. Le 21 mars 2008, K.Ibrahim, originaire d'Adrar, l'un des chauffeurs habituellement commissionné par ces narcotrafiquants pour convoyer la marchandise, est tombé dans les filets des services de sécurité lors d'un barrage-fixe dressé au niveau de Hamaguir (Béchar). Le transporteur a reconnu au moins dix missions d'acheminement d'énormes cargaisons de plusieurs tonnes à son actif, sur plusieurs trajets entre Béchar, Adrar, Tindouf, Tamanrasset et Alger. L'enquête a dévoilé que parmi les barons à la tête de ce réseau transsaharien de trafic de drogue et de contrebande de cigarettes, un Malien, un Mauritanien et un Sahraoui.