La finance islami-que en Algérie est encore à un «stade embryonnaire» et n'arrive toujours pas à se trouver une place dans système financier en Algérie. C'est ce que concluent les intervenants lors d'un forum consacré au sujet, hier à Alger, en présence des professionnels des secteurs bancaire et financier. La part de la finance islamique dans l'ensemble du système financier national stagne autour de 1% malgré son introduction depuis 1991 dans le paysage bancaire national. Selon les explications données par le PDG du bureau de conseil financier «Strategica Finances», Lachemi Siagh, la loi sur la monnaie et le crédit autorise, certes, les opérations d'investissement et de commerce conformes aux préceptes de la loi islamique (charia) mais ne les a pas clairement définies en tant que catégorie spécifique de financement. Pour lui, ce manque de précisions serait à l'origine du «timide» développement de ce segment de la finance après deux décennies d'activité marquées par la présence de seulement quatre opérateurs financiers, dont trois n'ont qu'une année d'existence, qui offrent des produits financiers islamiques. Le directeur central de la banque El Baraka, Nasser Hideur, a, de son côté, indiqué que le cadre réglementaire actuel ne permet pas à la finance islamique d'investir le créneau du marché boursier alors que, selon lui, les produits boursiers islamiques (Sukuk, non soumis à l'intérêt ou riba) ne diffèrent pas des autres produits conventionnels comme les actions ou les obligations. Les Sukuk sont des titres d'investissement représentatifs de droit de propriété sur des actifs réels ou d'une part indivise de projets financés en participation, a-t-il expliqué. Concernant les activités de la finance islamique en Algérie, les données fournies lors de cette rencontre indiquent que la banque El Baraka détient près de 94% du marché de cette finance, alors que les 6% restants sont partagés entre les banques Essalem et AGB, et la compagnie d'assurance Salama. A propos de l'impact sur ces banques des mesures introduites dans la Loi de finances complémentaire 2009 interdisant l'octroi de crédits à la consommation et dont 50% de leur portefeuille étaient orientés vers cette activité, les représentants de ces établissements ont affirmé que les baisses de revenus induites par cette mesure devraient être contrebalancées par l'augmentation du volume de crédits immobiliers et le financement de l'investissement, notamment le leasing. S'agissant des perspectives de développement de cette finance, plusieurs banques algériennes ont affiché leur intention d'adopter cette pratique alternative comme le Crédit populaire d'Algérie (CPA) qui a procédé à une étude du potentiel de ce type de finances et compte proposer des produits bancaires conformes à la Charia en matière d'investissements et de l'immobilier, selon un représentant de cette banque.