Un forum sur la finance islamique en Algérie s'est tenu, mardi, à Alger, en présence des professionnels des secteurs bancaire et financier. Il faut savoir dans ce sens que la finance islamique pèserait quelque 500 milliards d'euros. Les 100 premières banques islamiques détenaient fin 2008 des actifs de 580 milliards de dollars (405 milliards d'euros), contre 350 milliards de dollars (244,5 milliards d'euros) un an plus tôt. Durant la même période, les actifs des 300 premières banques d'Asie n'ont progressé que de 13,4%. Le potentiel du marché bancaire islamique est estimé à 4 200 milliards de dollars par le cabinet d'expertise Standard & Poor's et les fonds islamiques pèsent, à ce jour, 500 milliards de dollars, bénéficiant d'une croissance annuelle moyenne de 15%.Selon une autre estimation, les flux financiers hallal atteignent actuellement 840 milliards de dollars. Il existe aujourd'hui environ 345 institutions de finance islamique répertoriées dans quelque 70 pays. Les différents intervenants du forum ont relevé, lors de cette rencontre, que la finance islamique en Algérie est encore à un "stade embryonnaire" puisque sa part dans l'ensemble du système financier national stagne autour de 1% malgré son introduction depuis 1991 dans le paysage bancaire national. Selon les explications données par le P-DG du bureau du conseil financier "Strategica Finances", Hachemi Siagh, la loi sur la monnaie et le crédit autorisent, certes, les opérations d'investissement et de commerce conformes aux préceptes de la loi islamique (charia) mais ne les a pas clairement définies en tant que catégorie spécifique de financement. Pour lui, ce manque de précisions serait à l'origine du ''timide'' développement de ce segment de la finance après deux décennies d'activité marquées par la présence de seulement quatre opérateurs financiers, dont trois n'ont qu'une année d'existence, qui offrent des produits financiers islamiques. De son côté, le directeur central de la banque El Baraka, M. Nasser Hideur, a indiqué que le cadre réglementaire actuel ne permet pas à la finance islamique d'investir le créneau du marché boursier alors que, selon lui, les produits boursiers islamiques (Sukuk, non soumis à l'intérêt ou riba) ne diffèrent pas des autres produits conventionnels comme les actions ou les obligations. Les Sukuk sont des titres d'investissement représentatifs de droit de propriété sur des actifs réels ou d'une part indivise de projets financés en participation, a-t-il expliqué. Concernant les activités de la finance islamique en Algérie, les données fournies lors de cette rencontre indiquent que la banque El Baraka détient près de 94% du marché de cette finance, alors que les 6% restants sont partagés entre les banques Essalem et AGB, et la compagnie d'assurance Salama. A propos de l'impact sur ces banques des mesures introduites dans la loi de finances complémentaire pour 2009 interdisant l'octroi de crédits à la consommation et dont 50% de leur portefeuille étaient orientés vers cette activité, les représentants de ces établissements ont affirmé que les baisses de revenus induites par cette mesure devraient être contrebalancées par l'augmentation du volume de crédits immobiliers et le financement de l'investissement, notamment le leasing. S'agissant des perspectives de développement de cette finance, plusieurs banques algériennes ont affiché leur intention d'adopter cette pratique alternative comme le Crédit populaire d'Algérie (CPA) qui a procédé à une étude du potentiel de ce type de finances et compte proposer des produits bancaires conformes à la Charia en matière d'investissements et de l'immobilier, selon un représentant de cette banque. Synthèse I.B.