La première édition du Forum algérien de la finance islamique se tiendra demain à Alger. La finance islamique pourrait-elle être une alternative au système financier international actuel? Cette problématique a été abordée, hier, par le directeur général de la banque El Baraka, M.Nacer Haïder, et le président-directeur général de la Société française de conseil en investissements financiers et immobiliers conformes aux principes de la charia, Islam Invest, M. Zoubeir Ben Terdeyet. «Avec la crise financière mondiale, l'on se demande si les fondements de la finance islamique ne peuvent pas constituer une réforme de la finance mondiale», lance M.Haïder. Selon l'analyse de ce responsable, la finance islamique peut apporter une alternative crédible. Il justifie sa vision de la question par les trois principes qui sont adoptés dans cette activité. Il s'agit, dit-il, du principe de participation directe au risque d'investissement, de l'interdiction de vendre des produits que les banques n'ont pas. Aussi, toutes les transactions doivent se dérouler sur une sphère économique réelle. «Ce sont des principes qui peuvent réellement augurer d'une nouvelle pensée financière internationale», estime le patron de la banque El Baraka. Evoquant la crise financière mondiale, M.Ben Terdeyet souligne que les banques islamiques ne sont pas touchées par la crise financière mondiale du fait qu'elles sont toutes privées. Toutefois, le conférencier estime qu'elles peuvent être affectées d'un moment à l'autre. «La récession peut toucher tout le monde. Le système financier islamique n'est pas parfait car il agit dans un environnement mondial pas sûr. La prudence est de mise», a-t-il soutenu. En Algérie, cette activité financière demeure très modeste avec l'existence d'une banque (El Baraka), seul acteur dans le domaine, et se situe à 1,8% du marché bancaire global et à 15% du marché privé, souligne M.Haïder. Le conférencier a déploré le fait que la finance islamique n'est pas enseignée dans notre pays. «C'est embryonnaire en Afrique. Au Maroc, les autorités ne sont pas encore prêtes pour se lancer dans ce type d'investissement alors que la Tunisie est en avance dans ce domaine. L'Algérie se développe dans ce domaine», note le patron d'Islam Invest. En France, ajoute-t-il, elle suscite de plus en plus l'intérêt des investisseurs citant l'exemple du directeur de la Société Générale qui souhaite lancer des produits islamiques en 2009. Le conférencier a, à l'occasion, présenté la première édition du Forum algérien de la finance islamique qui se tiendra demain à Alger. La rencontre est organisée par Islam Invest Consulting. Selon Ben Terdeyet, le forum permettra aux professionnels du secteur de mieux appréhender le potentiel du marché algérien, les différents métiers de la banque islamique ainsi que les défis à relever. A souligner que deux banques islamiques opèrent actuellement en Algérie à savoir, la banque Al Baraka depuis 1991 et Al Salam Bank Algeria. A ces deux institutions bancaires s'ajoutent Adib (Abou Dhabi Islamic Bank) et KFH (Koweït Finance House) qui sont également en lice pour une demande d'agrément. Née dans les années 70, la finance islamique vise à développer une offre bancaire conforme aux règles de l'Islam. Elle représente aujourd'hui plus de 700 milliards de dollars d'actifs gérés dans le monde selon les principes de la charia et enregistre une croissance de plus de 20% sur les dix dernières années.Vers 2010, cette capacité va augmenter pour atteindre 1000 milliards de dollars.