La finance islamique pourrait-elle être une alternative au système financier international actuel ? Cette problématique a été abordée, hier dans l'après-midi, par le directeur général de la banque El Baraka, M. Nacer Hideur, et le président-directeur général de la Société française de conseil en investissements financiers et immobiliers conformes aux principes de la charia, Islam Invest, M. Zoubeir Ben Terdeyet. « Avec la crise financière, l'on se demande si les fondements de la finance islamique ne peuvent pas constituer une réforme de la finance mondiale », lance M. Hider. Selon son analyse, la finance islamique peut apporter une alternative crédible. Il affirme que « la majorité des analystes indique que les banques islamiques n'ont pas été touchées par la crise financière qui a frappé, mais elles ont été touchées, à un degré minime, lorsque la crise s'est propagée à l'immobilier ». Sa réponse se base sur trois principes qui sont adoptés dans cette activité. Il s'agit, dit-il, du principe de participation directe au risque d'investissement, de l'interdiction de vendre des produits que les banques n'ont pas. Aussi, toutes les transactions doivent se dérouler sur une sphère économique réelle. «Ce sont des principes qui peuvent réellement augurer d'une nouvelle pensée financière internationale », déclare le directeur central de la banque El Baraka, implantée depuis 18 ans en Algérie. Les deux conférenciers ont déploré le fait que la finance islamique n'est pas connue par le commun des Algériens et des citoyens. Et pourquoi elle n'a pas été enseignée dans notre pays. M. Zoubeir Ben Terdeyet dira que la finance islamique « est embryonnaire en Afrique ». Il affirme également qu'au Maroc, les autorités ne sont pas encore prêtes pour se lancer dans ce type d'investissement alors que la Tunisie est en avance dans ce domaine. « En Algérie, la finance islamique se développe petit à petit et elle compte 2% des clients de toutes les banques réunies », souligne-t-il. Concernant les nouvelles mesures prises dans la loi de finances complémentaire, M. Hideur dira que la banque El Baraka n'a pas de problème avec ces nouvelle mesures et trouve que « c'est tout à fait normal que l'Algérie protège ses finances et il est de son devoir de protéger son économie ». Dans le même sillage, M. Hideur a affirmé que son institution financière commence à attribuer des crédits. «On a octroyé des crédits à 45 petites entreprises et on a financé des microcrédits pour 80 femmes », a-t-il affirmé. Ce responsable a affirmé également qu' « El Barka Bank va présenter prochainement de nouveaux produits portant sur le Hadj, le logement et l'accompagnement des jeunes. Toutefois, M. Hideur estime que le système financier islamique n'est pas totalement parfait car il agit dans un environnement mondial pas sûr. La prudence est de mise », a-t-il soutenu. En Algérie, cette activité financière demeure très modeste avec l'existence d'une banque (El Baraka), seul acteur dans le domaine, et se situe à 1,8% du marché bancaire global et à 15% du marché privé, souligne M. Hider. En vue de développer toutes les idées sur la finance islamique, la banque El Baraka et Islam Invest, organisent à Alger mardi et mercredi prochain, un forum sur les perspectives de la finance islamique en Algérie pour débattre également des modalités de développement d'un système financier.