Sur le plan social, la pénétration, du reste, très rapide des Chinois a pris de court beaucoup de monde en Algérie. Certains Algériens n'avaient jusqu'alors jamais vu un étranger de leur vie. Et de surcroît un étranger imberbe et aux yeux bridés. Depuis, les traits asiatiques ont largement fait leur apparition dans la rue algérienne et font, désormais, partie du faciès local. Certes, Alger n'a pas encore sa «Chinatown» mais pour les observateurs, cela ne saurait tarder. Dorénavant, il n'y a rien de plus banal voire de plus familier que de voir un Chinois ou une Chinoise déambuler dans les rues d'Alger. Pourtant, les premiers Chinois arrivés auront bravé eux moult difficultés avant de se faire une petite place parmi les Algériens. Certains ont eu à essuyer, parfois, les quolibets d'un racisme puéril et primaire. Passé le «choc des civilisations», les Chinois se sont adaptés avec une grande facilité. Pour la plupart d'entre eux, cette présence ne devait, en aucun cas, se limiter aux seuls échanges économiques. Beaucoup s'inscriront, ainsi, dans la dimension humaine, voire dans la durée. Certains apprendront l'Arabe. D'autres se convertiront à l'Islam en aspirant fonder des foyers avec des autochtones. Plusieurs mariages auraient été contractés et des enfants issus de couples sino-algériens seraient même déjà nés. Enfin, pour les sociologues, l'apport de ce «sang neuf» ne peut qu'être bénéfique aux Algériens, car il leur apporte une ouverture d'esprit qui leur a toujours fait défaut. L'effet de surprise étant révolu, l'heure est plutôt à l'admiration et au respect de l'autre. «Les Chinois, étant venus partager, en quelque sorte, la mal-vie des Algériens, il y a comme une solidarité qui est née de cette rencontre, a priori, détonante». Avec cette proximité, les Chinois sont considérés, à présent, dans de larges couches de la population comme des voisins, de véritables amis. Pour les affaires, c'est une autre affaire : la négociation avec eux est toujours rude !