Le crime qui a mis en émoi- le quartier de Cavaignac, au centre-ville d'Oran, l'été 2008, était hier devant le tribunal criminel d'Oran. Il s'agit, somme toutes, d'une chamaille entre ménages qui a tourné en drame. Bilan de la scène macabre : un père de famille tué, sa femme grièvement touchée au niveau du ventre- et devant passer le restant de sa vie avec une infirmité permanente-, et un de leur fils blessé. Les deux parties adverses de l'affaire ne sont en fait que deux familles qui habitaient le même vieil immeuble de la rue Cavaignac, prolongement du quartier populaire de Saint Pierre. Une guerre froide, de longue date, opposait ces deux familles. Avec des chicanes, somme toutes verbales, épisodiques entre les deux voisins antagonistes. Au cœur du conflit, la famille (la victime dans cette affaire) qui venait d'emménager dans cet immeuble et d'élire domicile à la terrasse de la bâtisse. Considérant cela comme un acte de squattage d'un espace commun du logis collectif- la deuxième famille (la partie accusée dans l'affaire) aura tout fait pour déloger les « indus-occupants » à ses yeux- allant jusqu'à s'ériger en syndic de l'immeuble pour tenter une action en justice pour occupation illicite contre la famille adverse. En vain ! La justice a débouté le plaignant, jugeant que la famille objet de plainte était dans une situation régulière. Mais c'était-là la goutte qui a fait déborder le vase. Le calice était donc plein. Le climat était électrique entre ces deux ménages. La moindre étincelle pouvait mettre à feu et à sang le «haouch». C'est ce qui s'est passé durant cette dramatique journée du 12 août 2008. Pour un fait anodin, les deux pères de familles en sont venus aux mains. La dispute a dégénéré. Les deux hommes, à couteaux tirés, s'affrontent à coups d'armes blanches. Blessée- dans la matinée- la victime revient l'après-midi, après avoir établi un certificat au service médico-légal du CHU d'Oran, dans ce qui s'apparentait à une deuxième ronde de la bagarre. Voyant leur père malmené par son voisin l'épicier, les enfants de la victime et leur mère accoururent vers les lieux en expédition punitive. S'ensuit une vraie rixe à coups de matraque, couteaux et bouteille lancées du balcon ; entre les deux familles. Poignardé à mort, le père de la première famille succombera à ses blessures 24 heures après au niveau du bloc de réanimation des UMC d'Oran. Sa femme plongera dans le coma des jours durant. Insistant sur la gravité des faits et le caractère prémédité de l'homicide volontaire, le représentant du droit civil a requis 20 ans de prison ferme contre le meurtrier, le fils de l'épicier, un trentenaire répondant aux initiales de B. Mokhtar, 2 ans de prison ferme contre son père B. Abdelkader et son frère B. Mohamed. A l'issue des délibérations, le tribunal a condamné l'auteur du crime à 20 ans de réclusion criminelle. Le père et le frère ont été condamnés respectivement à 3 ans de prison ferme et 1 an de prison avec sursis.