L'essor florissant de la régence d'Alger et son ampleur internationale, notamment par l'intense activité de sa marine trois siècles durant, de 1585 jusqu'à 1830, a été mis en exergue lors d'une journée d'étude, organisée jeudi à Oran par le Centre d'études Maghrébines en Algérie (CEMA). L'Algérie assumait sans complexe son rôle de puissance maritime durant l'époque ottomane, a souligné Chakib Benafri, professeur d'histoire à l'université Alger 2, dans sa communication sur «La course et la marine de la régence d'Alger à l'époque ottomane, évaluation et perspectives de recherche». Il a expliqué que cette course maritime était institutionnalisée, c'est-à-dire gérée par un Etat qui avait ses règles et sa raison d'être pour défendre «Dar El Islam» (ancienne dénomination d'Alger), fer de lance du bassin méditerranéen. «Alger était une ville portuaire où se côtoyaient toutes les nationalités de l'espace méditerranéen et même océanique. C'était une ville de tolérance et d'ouverture sur l'autre. Ceci manifestait dans de centaines de traités de paix et d'amitié, signés entre la régence d'Alger et les Etats du monde entier», a indiqué le conférencier, qui a mis en exergue, à travers ces traités, l'évolution du statut autonome d'Alger vis-à-vis de la «Porte sublime» (Empire ottoman). A ce propos, il a souligné qu'Alger «avait le dernier mot pour signer ou déclarer la guerre contre les ennemis, selon ses intérêts», ajoutant que la marine algérienne étaient une véritable école où se formaient des raïs et même des amiraux ottomans. Le directeur des études turques et du monde arabe implanté aux Pays-Bas, Dr. Mehmet Tütünco, a parlé de «la diplomatie corsaire entre les pays-Bas et l'empire Ottoman». Il a révélé à l'assistance, que l'étude d'archives disponibles aux Pays-Bas a montré que 12 traités de paix et 70 lettres de correspondances ont été signés entre ces deux parties, en plus de 95 traités de commerce paraphés avec d'autres pays européens. Auparavant, le Pr.Ismet Terki Hassaine, de l'université d'Oran, qui a présenté une communication sur « La course en méditerranée à l'ère des deux empires (Habsbourg et Ottoman», a tenté de lever l'amalgame entre la course maritime, une activité à caractère légale, réglementée exercée par les Etats méditerranéens et la piraterie pratiquée sans foi ni loi, par des brigands et des ennemis. Le conférencier a dénoncé l'historiographie européenne qui a tenté d'imposer cette image de pirate sans foi ni loi aux marins algériens. Il a expliqué les raisons qui ont poussé l'Espagne à signer un traité avec l'Algérie après trois siècles d'hostilités, pour donner ainsi un souffle nouveau au trafic commercial entre les deux pays.