L'anthropologue américain et président de la Society for Algerian Studies, Hugh Roberts, a levé jeudi à Oran le voile sur le royaume de Koukou, établi entre le 16 et 17e siècle en Kabylie et qu'il a considéré comme "un moment particulier de l'histoire de l'Algérie". Le conférencier, qui a intervenu devant un auditoire de chercheurs du Centre de recherches en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) et de passionnés de l'histoire, a expliqué que ce thème fait partie d'un chapitre de son prochain ouvrage sur l'histoire de la Kabylie durant la période précoloniale, dont la parution est prévue à la fin de l'année en cours. Le royaume de Koukou a été constitué dans une région située à l'Est d'Ain El Hammam et un village, perché sur une crête, porte jusqu'à présent le nom de ce centre de pouvoir, fondé en 1515 par Ahmed Oul Qadi, alors gouverneur de Bône (actuelle Annaba), qui s'est installé dans la région de Koukou, après la chute de Béjaïa entre les mains des espagnols et la fuite des princes hafsides et les échecs successifs de sa reconquête par les troupes ottomanes. Koukou a été choisie pour sa position géostratégique assurant le contrôle de l'Oued Boubehir et le haut du Sebaou et des routes de la grande Kabylie menant à Béjaïa. Ce royaume a "survécu" jusqu'en 1632, après le retour de Sidi Hend El Tounsi à koukou pour reprendre ce village et venger son père, Ahmed Oul Qadi, assassiné par les siens en 1618, a noté le conférencier, qui a longuement insisté sur les jeux d'alliance, les rivalités entre les membres du royaume de Koukou, partagés entre alliés et adversaires de la Régence d'Alger et de l'empire ottoman. Pour Hugh Roberts, le Royaume de Koukou est un "pouvoir qui avait ses origines dans le djihad au nom de la dynastie des Hafsides". Il est également un "pouvoir qui a su se maintenir en Grande Kabylie grâce à la reconnaissance conditionnelle et négociée avec l'Empire Ottoman". Enfin, le conférencier a souligné que ce royaume "a participé à la substitution de la puissance ottomane au mouvement maraboutique au Maghreb central". Hugh Roberts a expliqué que l'intérêt qu'il porte à ce sujet "est né des enquêtes sur le terrain en Kabylie effectuées dans les années 70". Invité par le Centre américain des études maghrébines (CEMA) et le CRASC, Hugh Roberts a donné auparavant, les mardi et mercredi, deux conférences à Oran.