La 19e session ordinaire du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA) s'ouvrait dimanche dans la capitale éthiopienne à Addis-Abeba, avec la participation du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, représentant du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. Cette session est marquée par l'élection du président de la Commission de l'UA ainsi que la situation au Mali et le conflit Soudan-Sud Soudan. L'enjeu électoral et les situations de crise que connaît le continent risque ainsi de reléguer au second plan le thème retenu pour cette session, à savoir la promotion du commerce intra-africain, a-t-on indiqué. La commission de l'UA qui n'a pas pu élire son président est au centre des intérêts de ce sommet, puisque les deux candidats en lice n'avaient pas pu se départager en janvier dernier, en l'occurrence le président sortant de la CUA, Jean Ping et la Sud-Africaine, Nkosazana Clarice Dlamini-Zuma. Lors du premier round en janvier dernier, Ping qui est à la tête de la Commission de l'UA depuis 2008 avait raté de l'emporter puisqu'il n'avait pas obtenu les 2/3 des suffrages nécessaires, conformément au règlement de l'UA. Il avaient recueillis soit 32 voix et il ne lui manquaient que 4 voix pour être réélu. Ancien ministre des Affaires étrangères du Gabon, Ping (69 ans) qui a assuré l'intérim et la transition de la CUA pendant six mois (depuis janvier 2012), mise sur son expérience et défend sa candidature en argumentant qu'il ambitionne d'achever les «chantiers» entamé à l'UA, depuis qu'il avait succédé en 2008 à l'ancien président malien, Alpha Oumar Konaré. Durant les derniers six mois, Ping a vainement tenté un rapprochement avec l'Afrique du Sud pour obtenir le retrait de sa rivale de la course électorale. De son côté, Mme Zuma (62 ans) a changé de tactique et se dit qu'elle n'est plus candidate de l'Afrique du Sud, mais de la SADC (Communauté de développement de l'Afrique australe). L'ex épouse de l'actuel président sud-africains, Jacob Zuma, a mené une campagne électorale sous le signe «besoin de leadership à la tête de la CUA» et s'enorgueillit d'avoir été un outsider ayant empêché l'élection de Ping en janvier dernier. Elle compte aussi sur ses «relais», elle qui a été ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de Jacob Zuma et ministre des Affaires étrangères pendant une dizaine d'années au temps de l'ancien président sud-africain, Thabo Mbeki. Ambitionnant de devenir la première femme à occuper ce poste en Afrique, Mme Zuma met en valeur le statut de son pays, présenté comme étant la première puissance économique au niveau du continent et membre du G-20 et des BRICS, organisation regroupant des pays émergeants (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Depuis janvier dernier, deux réunions du comité ad-hoc des chefs d'Etat et de gouvernement de huit pays (Algérie, Afrique du Sud, Angola, Côte d'Ivoire, Ethiopie et Gabon) ont été tenues sans parvenir à un consensus. Il faudra donc attendre l'élection qui va départager les deux candidats. Entre temps, plusieurs pays africains, dont l'Algérie souhaitent en finir avec ce «feuilleton» électoral et doter la CUA de structures élues afin que l'Union s'attèle à relever les défis de développement du continent. L'Algérie par la voix du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel a considéré que l'UA ne peut pas continuer ainsi, sans que la commission n'ait pas de dirigeants élus car, a-t-il expliqué, il y a va de la «crédibilité» de l'UA et de la grande charge qui attend la Commission en matière de mise en œuvre des grandes décisions prises par les chefs d'Etat. Mali : Pour une solution politique dans le cadre de la souveraineté et l'intégrité territoriale L'autre point inscrit à l'ordre du jour de cette 19e conférence au sommet est la situation au Mali qualifiée par Ping de crise «très grave» pour ce pays, mais aussi pour tout le continent. Le Commissaire de l'Union africaine à la Paix et à la Sécurité, M. Ramtane Lamamra, a déjà affirmé que le recours à la force n'influera pas positivement sur la situation au Mali. «L'urgence aujourd'hui au Mali est de mettre en place un gouvernement représentatif et inclusif à Bamako, en mesure de représenter la souveraineté nationale et de prendre des dispositions afin que durant la période transitoire d'une année, il puisse y avoir un calendrier électoral et éventuellement des amendements à la Constitution», avait indiqué M. Lamamra. Le président en exercice du Conseil de Paix et Sécurité et de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), M. Alassane Ouattara, également président de la Côte d'Ivoire, a appelé à une solution politique et négociée au Mali. Les appels à des solutions politiques ont été réaffirmés par plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement africains ainsi que des diplomates, au même titre que l'Algérie qui a toujours privilégié le dialogue et la réconciliation au Mali. «Nous avons toujours préconisé et souhaité le dialogue entre les acteurs maliens et le gouvernement central (du Mali)», avait déclaré M. Messahel, précisant que «les pays du champ sont d'accord sur cette approche». Il a souligné que cette approche est «convergente» aussi avec la communauté internationale, rappelant à ce propos la dernière résolution du Conseil de sécurité qu'il a qualifiée de «claire». Cette résolution préconise la recherche d'une solution politique dans le cadre de la souveraineté et l'intégrité territoriale du Mali tout en combattant le terrorisme et le crime organisé. «Il y a de plus en plus de convergence et d'urgence à régler les problèmes au Mali par le dialogue quand il s'agit de prendre en charge les revendications de certaines populations du Nord et de combattre aussi le terrorisme et le crime organisé, une véritable menace pour la paix, la sécurité et la stabilité de notre sous-région», avait encore réitéré M. Messahel.