L'Ile française -la Corse- livre une véritable course contre la montre pour convaincre le gouvernement français de débourser quelque 450 millions d'euros afin de réaliser le raccordement avec le Gazoduc Galsi. Ce dernier reliera initialement l'Algérie à l'Italie. L'Ile de Beauté espère que l'Hexagone accepte de financer cette option afin de répondre à la croissance de la demande. Les Corses ont été déçus par les conclusions de Jean-Pierre Leteurtrois, ingénieur nommé par le gouvernement français pour faire avancer ce dossier en Corse qui s'est interrogé le 30 octobre dernier devant l'Assemblée de Corse, sur la pertinence économique du projet. L'Etat français tergiverse et semble réticent de mettre la main à la poche, accentuant les appréhensions des Corses sur leur approvisionnement énergétique. Pourtant, le projet est soutenu par l'Union Européenne- qui souhaite se soustraire d'une dépendance en matière de coopération énergétique- d'une Russie capricieuse qui profite d'un moindre conflit politique pour couper les vannes. Selon le ministre français de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de la Mer, M. Jean-Louis Borloo, le président français Nicolas Sarkozy qui tente de redorer son blason dans une conjoncture marquée par une baisse de popularité, pourrait annoncer une décision favorable pour les Corses- à la fin de l'année- à la faveur d'une visite qu'il effectuera vers cette région caractérisée par son instabilité politique avec la présence de mouvements indépendantistes. Cette polémique sur la pertinence du raccordement de la Corse au gazoduc Galsi intervient au moment où le consortium en charge de ce projet a annoncé qu'il y aura un retard pour la mise en service de cette infrastructure stratégique. Il n'entrera finalement en fonction qu'en 2014, soit avec deux ans de retard. «Trouver le parcours n'a pas été simple, car nous avons dû faire de nombreuses vérifications à cause d'une situation géographique à risque au niveau de la partie entre la Sardaigne et la Toscane», région du centre de l'Italie, et à cause de la présence de vestiges archéologiques, a expliqué Roberto Poti, cité par les agences italiennes, au cours d'un colloque sur le gazoduc Galsi organisé en Sardaigne. Le projet définitif devrait être approuvé en 2010 avant que les travaux ne démarrent. La mise en service du gazoduc est attendue en «2014» contre 2012 jusqu'à présent, a ajouté M. Poti. Le consortium Galsi est composé -notamment de la compagnie publique algérienne Sonatrach- et des groupes italiens Edison et Enel. L'investissement prévu afin de construire ce gazoduc est de 3 milliards d'euros. D'une longueur totale de 1.470 km et d'une profondeur en mer de 2 800 mètres, le gazoduc Galsi, qui devrait faire ses premières livraisons vers l'Italie à partir du champ gazier géant de Hassi R'mel en Algérie, traverse l'île de Sardaigne pour aboutir en Toscane. Le projet devait permettre à l'Algérie d'expédier 8 milliards de mètres cubes de gaz vers l'Italie à l'horizon 2012. Le tracé initial du Galsi devait avoir quatre tronçons majeurs, à savoir Hassi R'mel - El Kala (Onshore pipeline / Algérie, d'une longueur de 640 Km, El Kala - Cagliari (offshore pipeline d'une longueur de 310 Km et d'une profondeur de 1950 mètres, Cagliari - Olbia (Sardaigne d'une longueur de 300 Km) et enfin Olbia - C.D.Pescaia (Offshore pipeline d'une longueur de 220 Km et d'une profondeur de 900 mètres). La Sonatrach détient dans la société Galsi 41,6% du capital, alors qu'Edison a une part de 20,8% dans la société qui a été mise en place pour mener l'étude de faisabilité du gazoduc entre l'Algérie et l'Italie (via la Sardaigne) en novembre 2002. Enel (15,6%), Hera Trading (10,4%), Sfirz (11,6%) ont également des participations dans le Galsi.