La défaite amère de l'équipe égyptienne de football face à l'Algérie et les rumeurs colportées par les chaînes satellitaires des pharaons sur de prétendues graves agressions que les supporters égyptiens auraient subit au Soudan poussent certains milieux de ce pays à appeler au retrait des investissements égyptiens de l'Algérie. La réponse des hautes autorités algériennes à cet ap-pel a été cinglante. Que ce soit le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, ou le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Hamid Temmar, les responsables algériens ont signifié qu'une telle opération aux visées rocambolesques n'aura aucun impact sur l'économie nationale. De l'avis de nombreux analystes, les entreprises arabes ont investi dans des secteurs rentiers tels que les télécommunications, les travaux publics, le bâtiment et les services où le risque est limité et les dividendes assurées. La logique économique ne s'embarrassant pas de velléités politiciennes, il est fort à parier qu'aucune de ces entreprises ne renoncera à ses activités en Algérie. Commençons d'abord par le groupe Orascom dont 30% du chiffre d'affaires dans le secteur des télécommunications est le fait de sa filiale algérienne Djezzy. Les entreprises égyptiennes, notamment Orascom construction industries (OCI), ont également décroché d'importants contrats pour la réalisation de projets en Algérie. OCI a ainsi été retenue pour plusieurs contrats d'une valeur de 280 millions de dollars pour la réalisation de projets en Algérie. Orascom avait été sélectionnée avec son partenaire italien Betini avec lequel un contrat de joint-venture a été signé pour la réalisation de la centrale de traitement d'El Merk dans le bassin de Berkine à Hassi Messaoud. Ce contrat s'ajoute à celui qu'Orascom a obtenu pour un montant de 170 millions de dollars pour des travaux sur la même usine El Merk. Cette unité sera un réceptacle pour la production de la région. Elle effectuera les travaux de transformation des hydrocarbures fournis à partir du bloc 208, exploité par le Groupement Berkine, une entité algérienne détenue par la compagnie pétrolière nationale Sonatrach et le groupe américain Anadarko mais aussi à partir de nombreux autres blocs. Le contrat est d'une durée de 30 mois et l'échéance de réception a été fixée au quatrième trimestre 2011. OCI avait obtenu en outre, en 2007, des contrats pour une valeur de 89 millions de dollars en Algérie. Deux d'entre eux ont été conclus avec le ministère de l'Habitat pour la réalisation de l'édifice de l'Ecole internationale française et une nouvelle Ecole de droit. OCI a également décroché le contrat relatif à l'extension de l'usine de production de tabac de la société algéro-émiratie STAEM. Le montant du contrat pour la réalisation de la nouvelle Ecole de droit est de 47 millions de dollars. Elle sera érigée à Alger pour une capacité d'accueil de 10.000 étudiants. Elle devrait être réceptionnée au plus tard fin 2009. OCI a aussi conclu un accord de partenariat pour la création de deux sociétés conjointes dans le cadre du projet du complexe d'Ammoniac et d'urée d'Arzew. Le futur complexe, qui sera composé de trois unités, deux pour la production d'ammoniac et une pour la production d'urée, devra employer en tout quelque 700 travailleurs. Des investissements en acier Pour ce qui est des capacités de production du futur complexe, elles seront de 2.000 tonnes/jour d'ammoniac pour chacune des deux unités et 3.500 tonnes/jour d'urée. Le groupe Orascom ne sera pas le seul perdant en cas où la communauté d'affaires égyptienne décide de réaliser le vœu de la rue cairote qui appelle à couper les relations économiques entre les deux nations. Il en est ainsi de la société El Sewedy Cables Algeria, filiale au Moyen-Orient et en Afrique du groupe El Sewedy Cables, qui a lancé un projet de création d'une usine de production de câbles dans la wilaya d'Aïn Defla. Montant de l'investissement : 50 millions de dollars. La capacité de production annuelle est de 15.000 tonnes de câbles en cuivre et en aluminium. Le groupe égyptien Al Ezz Steel Rebars Co risque également de pâtir de la dégradation des relations entre l'Algérie et le pays de Hosni Moubarek. Al Ezz Steel prévoit d'investir pas moins de 1,25 milliard de dollars pour construire un complexe sidérurgique à Jijel. Ce complexe, installé dans la zone industrielle de Bellara à El Milia, au sud-est de la ville de Jijel, doit produire 1,5 million de tonnes de rond à béton par an à partir de 2010. Le point commun entre ces investisseurs est qu'ils ont jeté leur dévolu sur des secteurs à forte valeur ajoutée et où la concurrence est rude. Autant dire qu'en cas de retrait, ils seront vite remplacés par d'autres investisseurs en quête d'opportunités dans la région. Mais certains entreprises, telle qu'Orascom, ont d'ores et déjà annoncé qu'elles ne comptaient pas renoncer à leurs projets en Algérie, préférant attendre que la tempête passe.