«L'égypte fera preuve de fermeté envers ceux qui font du mal à ses ressortissants […] Le bien-être de nos citoyens à l'étranger relève de la responsabilité de notre pays, nous nous assurons que leurs droits soient respectés et rejetons les violations […] qui sont commises à leur égard. L'Egypte ne fera pas preuve de laxisme envers ceux qui portent atteinte à la dignité de ses citoyens !» a averti hier le président égyptien, Hosni Moubarak, devant les députés du Parlement égyptien. La menace est à peine voilée et l'allusion on ne peut plus claire : elle s'adresse à l'Algérie avec lequel le pays des «Pharaons» est en guerre ouverte depuis plusieurs jours. La grave sortie, de Moubarak, hier, cache un malaise certain qu'explique l'enjeu politique dissimulé derrière une simple rencontre sportive. Ce n'est un secret pour personne que le président égyptien doit gérer une situation interne des moins confortables et préparer une succession déjà contestée. L'évolution de la situation tourne tout simplement à une crise diplomatique dont on se demande où elle pourrait mener au moment où des citoyens, survoltés des deux côtés, ne réclament pas moins que la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays «frères». D'aucuns n'hésitent pas à qualifier l'atmosphère de plus en plus tendue entre les deux pays de «véritable guerre froide» aux conséquences incertaines. Pour l'heure, si l'Egypte se noie dans des réactions et des déclarations aussi intempestives que provocatrices, l'Algérie a fait preuve d'une sage retenue pour éviter d'envenimer les relations entre les deux pays. Une attitude qui ne semble pas néanmoins contribuer à apaiser les ardeurs agressives des Egyptiens qui, depuis l'élimination de leur équipe nationale de la compétition mondiale de Johannesburg, semblent redoubler de férocité à l'égard des Algériens au prix de grossiers mensonges et de basses manipulations. Du coup, c'est l'agresseur qui se présente en victime. Mais une telle attitude risque de se retourner contre eux, d'envenimer la situation à un point de non-retour. Car ce qui devait, initialement, être une décisive confrontation sportive a fini par prendre les proportions d'une affaire politisée à outrance par l'Egypte et menée à bon escient par les plus hautes autorités de ce pays. Une «affaire d'Etat» pour laquelle la propre progéniture de Hosni Moubarak s'est investie personnellement sans même se soucier de la forme. Au lendemain de la défaite de l'équipe égyptienne, le fils aîné du président Moubarak, Alaa, a traité les Algériens de «mercenaires et de terroristes». Des institutions de l'Etat égyptien ont été mises à contribution en vue de réussir le «complot» contre les Algériens, à leur tête les médias auxquels incombe une grosse part de responsabilité quant aux graves dérapages verbaux, physiques et matériels ayant précédé puis suivi le match de la dernière chance disputé mercredi dernier au Soudan entre les «Verts» et les «Pharaons». Face à un acharnement inégalé des médias égyptiens au mépris de toutes les règles de professionnalisme et d'éthique, l'Algérie officielle a encore une fois réagi avec modération en convoquant, pour «consultations» l'ambassadeur d'Egypte en Algérie, par le biais de son ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Celui-ci, dans un langage purement diplomatique, a demandé que prenne fin cette campagne médiatique féroce et déloyale menée contre l'Algérie. Notre ambassadeur en Egypte, rappelons-le, a été à son tour convoqué par les autorités égyptiennes à la suite des prétendues agressions contre des Egyptiens dont auraient été responsables des Algériens. La tension entre les deux camps des supporters ayant, invariablement, entraîné une tension diplomatique, et le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, s'est cru obligé de lancer, il y a deux jours, un appel au calme. Même le Soudan, pays voisin de l'Egypte, a été entraîné dans cette «aventure» sportive aux retombées politiques. En tout état de cause, si la crise diplomatique se corse davantage, l'Egypte aura à en assumer seule l'entière responsabilité. Des médias, des personnalités sportives et autres étrangers auront, unanimement, relevé la sauvagerie et la malhonnêteté des relais et des supporters égyptiens face à la sérénité des Algériens. Une sérénité et une confiance qui ont fini par payer par une mémorable qualification à la fête mondiale sud-africaine. M. C.