L'importation de pomme de terre décidée par le ministère de l'agriculture pour pallier au déficit prévu durant l'automne prochain ne va porter atteinte ni à l'agriculteur ni à la production nationale, affirment des professionnels de la filière. ‘'Cette décision a été prise après un long débat et concertations entre les différents acteurs de la filière et après s'être assurés que l'agriculteur ne sera pas atteint'', a indiqué à l'APS le président du conseil interprofessionnel de la filière pomme de terre, M. Bachir Seraoui. Selon un consensus trouvé entre le ministère de l'agriculture et les représentants de la filière, ces importations ne devraient pas dépasser les 2% de la production nationale. La production de pomme de terre est passée de 21 millions de quintaux en 2008 à près de 4 millions de quintaux prévus pour 2012. Les agriculteurs et les opérateurs économiques notamment les importateurs de semences de pomme de terre se sont dits ‘'soulagés'' par le caractère conjoncturel de ce décision d'importation. ‘'Sur le principe, nous étions contre ces importations, mais puisqu'il s'agit d'une opération d'appoint, nous avons répondu favorablement à l'appel'' du ministère, a affirmé Mohamed Ameziane Lefki, importateur de semence de pomme de terre. Ce technicien agricole de formation estime que la production nationale ne devrait pas être perturbée par ces importations parce que ‘'si l'agriculteur est touché, son métier aussi disparaîtra''. ‘'Ce sont les agriculteurs qui nous font vivre, il est de notre devoir de les protéger'', a relevé cet importateur, soulignant que cette opération d'importation ‘'ne signifie pas qu'il y a défaillance du secteur, mais il s'agit d'une action de régulation''. ‘'Pour nous agriculteurs, cette décision nous a fait peur. Mais après avoir confirmé que l'importation sera faite par des opérateurs qui font partie de la filière, ça nous a rassuré car ils sont nos partenaires, c'est à dire ils ne vont pas le faire au détriment de l'agriculteur'', affirme Farid Haouchine, producteur de pomme de terre de la wilaya de Boumerdes. Ce producteur a rappelé les expériences controversées vécues par le passé lorsque des opérateurs étrangers à la filière se sont convertis en importateurs de pomme de terre au détriment des agriculteurs. Une quinzaine d'opérateurs se sont manifesté pour retirer le cahier des charges qui définit les conditions techniques, sanitaires et phytosanitaires liées à cette opération. Parmi les conditions exigées par le cahier de charge, le produit qui sera importé doit être issu de la production de l'année 2012, d'un calibre entre 45 et 75 mm et muni d'un certificat phytosanitaire contre les maladies de quarantaine en plus d'un certificat anti-OGM, précise M. Seraoui Les premières quantités de pomme de terre arriveront durant la première semaine d'octobre. Le ministre de l'agriculture, M. Rachid Benaissa, a dans une intervention radiodiffusée confirmé que ces importations d'appoint ne doivent pas dépasser les 2% de la production actuelle, qui avoisine les 4 millions de tonnes par an et sera confiée à des importateurs reconnus contrairement à ce qui s'était passé en 2007, lorsque le ministère de l'agriculture avait recouru à un appel d'offre pour accorder des autorisations d'importation de ce tubercule. Les importations de 2007 avaient inondé le marché par une pomme de terre de mauvaise qualité, rappelle-t-on. En fait, ce recours à ‘'l'importation d'appoint'' a été motivé par un décalage vers la mi-août dans les plantations du fait de la canicule, de la période de jeûne et du manque de main d'oeuvre, des impondérables qui pourraient provoquer une arrivée tardive de la production d'arrière saison. Ce décalage fait craindre aussi à la filière de vivre une crise similaire à celle survenue en février dernier lorsque les producteurs étaient surpris par un froid polaire et des chutes de neige qui avaient retardé les récoltes, alors que les stocks étaient déjà épuisés. ‘'L'expérience vécue en février dernier nous a permis d'anticiper nos prévisions en prenant des précautions adéquates. Ces importations font partie de cette stratégie de veille'', a indiqué M. Seraoui. Au cas où la production nationale sera suffisante, les quantités importées serviront de stocks de sécurité. La Société de gestion des participations de l'Etat SGP-Proda s'est engagée à stocker toute la production importée, a expliqué le même responsable.