Les réformes engagées par le défunt président Chadli Bendjedid après les évènements d'octobre 1988 constituent une initiative courageuse et audacieuse dans l'histoire de l'Etat algérien, qui a permis de passer du régime à parti unique au pluralisme, ont affirmé des enseignants universitaires. En dépit de la précipitation qui a marqué l'adoption de ces reformes et l'absence de régulateurs et de bases à la pratique démocratique en Algérie, il n'en demeure pas moins que le président Chadli était animé par une volonté sincère de réaliser un véritable pluralisme à même de permettre au peuple algérien de participer au fonctionnement des rouages de l'Etat, à travers le choix, en toute liberté, de ses représentants dans les institutions de l'Etat, et la détermination du mode de gouvernance qu'il souhaite établir en toute souveraineté, ont-ils souligné dans une déclaration à l'APS. A cet effet, Mohamed Tine, président de l'Association «El-Djahidia», a indiqué que le président Bendjedid a été l'homme qui a «mené l'Algérie du régime du parti unique et de la pensée unique à l'étape du pluralisme basé sur le respect de l'opinion des uns et des autres», soulignant que les reformes engagées dans les domaines politique, social et médiatique étaient «positives» et audacieuses, en dépit des lacunes constatées. Ces reformes ont permis en un temps record l'émergence de partis et de sensibilités politiques dont certaines activaient dans la clandestinité et d'autres nouvelles, représentant les différents courants et pans de la société, a-t-il rappelé, affirmant que «ces reformes ont permis une confrontation en toute liberté des idées et des avis des différentes couches sociales sur la situation du pays et les perspectives futures, même si elles manquaient d'expérience en matière de pratique politique». L'écrivain et journaliste Abdelali Rezagui a pour sa part relevé, parmi les acquis obtenus à travers les reformes engagées par le défunt Chadli Bendjedid à la fin de sa présidence, «une véritable ouverture du champs médiatique et la naissance de la presse privée qui est devenue incontournable dans l'équation du pluralisme politique algérien». Cette période a été marquée par une féroce confrontation entre les tendances politiques en raison du manque d'expérience chez la classe politique algérienne dans l'exercice de la pratique démocratique, et de l'absence de garde-fous pour encadrer l'ouverture politique. Science et culture M. Abdelali Rezagui a par ailleurs relevé que le président Chadli a été souvent accompagné lors de ses déplacements à l'étranger d'hommes de culture et de science, et rappelé les efforts internationaux déployés à son époque, dont sa contribution à l'édification de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) et ses positions fermes notamment à l'égard de la crise en Irak et de la guerre qui opposait ce pays à l'Iran. Mme Fatiha Benabou, enseignante de droit constitutionnel à la faculté de droit à Benaknoun (Alger) a affirmé pour sa part que la constitution de 1989 initiée par le président Chadli Bendjedid «avait consacré le passage du système de gouvernance en Algérie du stade de la légitimité historique à celui de la légitimité électorale où le peuple est souverain». «En dépit de l'absence de régulateurs et de normes régissant le pluralisme et le jeu politique en Algérie dans les reformes multiformes concrétisées après les évènements d'octobre 1988, ces réformes visaient dans l'ensemble à l'instauration d'une société nouvelle qui croit en la démocratie et au pluralisme en tant que mode de gestion des institutions modernes de l'Etat», a-t-elle estimé. «La constitution de 1989 englobait des points positifs qu'on ne peut nier dont la séparation des pouvoirs, l'indépendance du pouvoir judiciaire et l'affirmation du pluralisme politique et médiatique», a indiqué Mme Benabou, soulignant que l'absence de régulateurs régissant la pratique politique en Algérie avait mené à un dysfonctionnement dans la pratique démocratique, qu'il s'agisse des élections ou de la formation de partis. Mohamed Laagab, enseignant à l'Institut de l'information et des sciences politiques à l'université d'Alger, a de son côté affirmé que le président Bendjedid était «l'homme des réformes et de l'ouverture multiformes en Algérie», soulignant que le défunt était animé «par une sincère volonté de consacrer une démocratie qui permette au peuple de s'exprimer sur le système de gouvernance en Algérie et de choisir le plus compétent parmi les courants et les partis pour le représenter au niveau des institutions élues». En dépit des lacunes enregistrées dans ces reformes, celles-ci ont permis d'insuffler une nouvelle dynamique au sein de la société et la prise de décisions audacieuses, a-t-il estimé.