Le président de la Société franco-algérienne de psychiatrie (SFAP) le Pr. Mohamed Taleb a plaidé vendredi à Oran, pour la mise en place d'un Observatoire national du suicide afin de mieux cerner et suivre ce phénomène. Le président de la SFAP, a souligné en marge du Congrès tenu sur le thème « Suicide, addictions, santé et population», dans une déclaration à l'APS, que cet observatoire doit englober aussi bien les praticiens (psychiatres, psychologues et autres spécialistes) que les autres intervenants (magistrats, police, sociologues) confrontés à ce problème. Cet organe aura pour mission de recueillir toutes les données relatives à ce phénomène pour les mettre à la disposition de la communauté scientifique pour mieux comprendre et expliquer ce phénomène qu'il a qualifié de «véritable problème de santé publique», a-t-il précisé. «L'apparition du suicide en Algérie comme préoccupation de santé publique est récente. Il reste encore difficile d'en évaluer l'ampleur et seule une cinquante de pays dans le monde disposent de chiffres fiables», a-t-il dit. «En France on compte plus de 10.500 morts par an par suicide », a-t-il noté en soulignant la nécessité de mettre en place des équipes pluridisciplinaires pour étudier ce problème, et de lancer des filières en addictologie et en suicidologie dans les cursus de la formation médicale. M. Taleb a mis en exergue l'importance de la prévention estimant que la création de l'Office national de lutte contre la drogue a été une démarche «primordiale» dans ses volets de lutte et de répression, «mais restent les volets médical et scientifique qui doivent être pris en charge», a-t-il indiqué. La création de cet Observatoire a été également soulignée par le Pr.Abbès Ziri, directeur général du CHU de Tizi Ouzou qui s'est intéressé depuis des années au problème des suicides en Kabylie. «Il faut mettre en place un Observatoire qui constituera une base de données sur les suicides et les tentatives de suicides à partir des statistiques et informations détenues par les différents organismes», a-t-il expliqué à l'APS. «Contrairement à ce qui a été avancé par les médias, on se suicide moins à Tizi-Ouzou. L'absence de données ne nous permet pas actuellement de comparer une région par rapport à une autre», a-t-il indiqué, tout en précisant «qu'aucun paramètre ne peut expliquer à lui seul le phénomène du suicide». «C'est un phénomène multifactoriel qu'il faut étudier sous des angles différents comme la société, la culture, la religion, l'environnement, etc», a-t-il ajouté. Les travaux de cette rencontre se sont déroulés en ateliers spécialisés qui ont permis d'aborder et d'approfondir les thèmes liés à la thématique retenue pour cette session, avec la présentation de plusieurs travaux de recherche entrepris par des équipes médicales comme celles consacrées au phénomène des harraga menées à Oran, au phénomène du suicide chez l'enfant à Annaba. Ce congrès de deux jours réunit des spécialistes algériens et français. Il a pour objectif de contribuer à la réflexion sur ces sujets et à la mise en place de recommandations destinées aux soignants, médecins, psychologues, travailleurs sociaux et autres intervenants.