Les recettes générées par le marché de la publicité pour le seul semestre 2009 ont été estimées à 11 milliards de DA, ce qui constitue un boom -relativement à une année auparavant -durant laquelle près de 13 milliards ont été engrangés. C'est ce qu'a dévoilé lundi soir, sur canal Algérie, un conseiller au ministère de la Communication, convié à l'émission « questions d'actu » consacrée au secteur de la Pub. D'emblée, les intervenants, un spécialiste de la communication enseignant à l'université de Lille et deux patrons d'entreprises de communication ont affirmé que le secteur de la publicité est encore en construction, et que sa normalisation ne peut s'effectuer que progressivement, vu son introduction relativement récente qui ne date qu'à partir de l'année 2000. Ceci étant, chaque opérateur est à la recherche de ses repères. Pour les intervenants, le secteur de la publicité est intervenu dans un contexte d'ouverture économique vierge avec l'installation de près de 2.300 opérateurs dans le secteur de la publicité et de la communication. Décortiquant le marché publicitaire, Nacer Gasmi, l'enseignant de l'université de Lille a fait remarquer que les spots émanant des opérateurs du secteur de l'agroalimentaire- restent prédominants- avec un taux de 70%, suivis de la téléphonie mobile et de l'automobile. Pour Karim Belazzoug, un patron d'une agence de pub, l'apparition de la publicité a été conçue comme un chahut avec une volonté de réclame exprimée par les patrons. Dans le même sens, M. Chabani, le conseiller au ministère de la Communication et Hafida Zeddour, responsable d'une agence de publicité basée à Sidi Bel-Abbès- diront que beaucoup reste à faire- aussi bien dans la présentation du message publicitaire que la conception de l'outil publicitaire de la part des annonceurs. Le marché algérien de la publicité, estiment les spécialistes, se caractérise par l'absence presque généralisée de la fonction marketing chez les opérateurs économiques nationaux qui partent du principe : « tout se vend ». L'engagement de ces derniers dans l'investissement publicitaire dépend également de la taille de l'entreprise, ainsi que le rattachement de certaines autres à des entreprises-mères basées essentiellement en Europe. En revanche, « chez l'écrasante majorité des chefs d'entreprises, on ne voit même pas la nécessité d'allouer des budgets, étant donné qu'ils vendent sur stock », ont estimé les intervenants. Quant à l'impact de la pub sur les comportements de consommation, tous étaient unanimes à considérer qu'il va crescendo avec la naissance de la société de consommation. En clair, la création de l'envie de consommer et d'opter pour telle ou telle marque dépend du niveau de concurrence chez les annonceurs. Enfin et concernant le professionnalisme des agents publicitaires, les invités de l'émission ont mis l'accent sur la fait que ces derniers sont majoritairement des autodidactes -vu que leur formation dans ce créneau a été faite sur le tas-, ce qui constitue un avantage qui a donné naissance à un message typiquement algérien. S'agissant des perspectives du secteur, elles restent tributaires de celles de l'économie algérienne- qui devra réaliser ses taux de croissances- durant la prochaine décennie, avec un volume du marché devant passer de 100 millions de dollars. Selon les estimations, 25 millions de dollars seront consacrés pour l'audiovisuel. Si cette tendance sera confirmée, le marché de la publicité national sera le plus important dans la région du Maghreb, en raison de l'émergence de pôles industriels qui se basent sur des stratégies publicitaires importantes, afin de pénétrer sur le marché et y rester. Actuellement, les plus importants budgets de publicité audiovisuelle se trouvent au Maroc, où le secteur audiovisuel détient la part du lion, car le gouvernement a permis à des investisseurs privés d'ouvrir des chaînes de télévision. La part du citoyen marocain de la publicité est de 5 euros, en Tunisie elle est de 1.8 euros, alors qu'en Algérie, elle ne dépasse pas les 0.6 euros, l'équivalent de 60 dinars. La même source indique que la relance du secteur audiovisuel chez nos voisins Tunisiens et Marocains est due à des capitaux gouvernementaux et étrangers, Américains et Français, qui veulent contrôler le plus important marché de consommation en Afrique du Nord.