L'ambitieux projet de mise en valeur de la plaine de Beni-Slimane, dans la wilaya de Médéa, mis entre parenthèse, durant plusieurs décennies, est en train d'être ressuscité à la faveur d'une nouvelle approche, adoptée depuis peu par le ministère de l'Agriculture et du développement rural. Presque cinquante ans après son lancement, le projet n'a pas perdu, pour autant, de son intérêt, notamment auprès des exploitants agricoles de cette partie de la wilaya de Médéa, dont le destin reste étroitement lié au devenir de cette terre fertile et nourricière. Passées les années de scepticisme suscité par la mise en veille du plan de valorisation, initié par les pouvoirs publics, au début des années 1960, l'avènement des différents dispositifs de soutien au secteur agricole, a amorcé d'une nouvelle dynamique qui s'est traduite par une «reprise en main» de cet ambitieux projet. La plaine de Beni Slimane : une seconde Mitidja La mise en valeur du périmètre de Beni-Slimane était annonciatrice, en 1963, d'une véritable mutation agricole dans cette plaine, qui s'étend de Berrouaghia, dans la wilaya de Médéa, jusqu'à Bir-Ghebalou, dans la wilaya de Bouira, et qui est considérée, par beaucoup, comme la seconde Mitidja du pays, eu égard à la qualité de son sol. Initié dans le cadre des «zones de développement et d'organisation rurales», à partir de 1963, le projet de valorisation de la plaine de Beni-Slimane a suscité un énorme enthousiasme chez les populations rurales, vu l'impact qu'il était censé avoir sur le développement de cette région rurale. L'optimisme affiché, au début, va laisser cependant place, quelques temps après, au doute et au scepticisme, en raison de l'approche «purement bureaucratique» qui a prévalu durant les premières années du lancement du projet. La multiplication des dispositions, tant réglementaires qu'organisationnelles, vont avoir un impact négatif sur le bon déroulement de ce projet. Il y a eu, d'abord, la promulgation, en 1970, d'un décret présidentiel instituant le périmètre de Beni-Slimane en «zone de modernisation rurale», suivie, en 1975, de la création du comité technique de « rénovation rurale «, pour aboutir, en 1985, à la création d'un autre organisme, en l'occurrence l'Office d'aménagement et de mise en valeur du périmètre de Beni-Slimane. Cependant, aucune action concrète n'est venue appuyer, sur le terrain, cette profusion de décisions, censée servir de cadre d'exécution à cet immense chantier sur lequel reposait les espoirs de milliers de paysans. La nouvelle approche exclut tout monopole de la part des pouvoirs publics «Il a fallu attendre, l'année 2009, soit quarante-six (46) ans après, pour voir, enfin, les prémices de cette revalorisation se dessiner à l'horizon grâce à une nouvelle approche qui donne la priorité à l'investissement productif et limite l'intervention des pouvoirs publics, par souci d'efficacité et d'efficience dans la conduite de la démarche préconisée», a-t-on indiqué à la direction des services agricole (DAS). Il est fait part, dans ce contexte, que la nouvelle approche «exclut tout monopole des pouvoirs publics sur le processus qui est engagé dans la perspective de la revalorisation de cette plaine», en limitant son intervention au seul domaine exclusif de l'infrastructure d'appoint. Cette intervention se traduit dans la prise en charge des projets d'infrastructures liés directement au projet, à travers la réalisation d'ouvrages hydrauliques, de pistes agricoles, d'amélioration foncière et d'ouverture de pistes agricole, a-t-on expliqué à la DSA, en faisant observer que le volet investissement, avec tout ce qu'il implique comme actions ou opérations à réaliser, est à la charge des opérateurs économiques ou exploitants agricoles intéressés par ce projet. «Une démarche qui commence à donner ses fruits, eu égard aux résultats assez prometteurs obtenus sur le terrain», a confié le directeur des services agricoles, Mustapha Bennaoui, qui fait état de l'ouverture, au cours des quatre dernières années, de 200 km de pistes agricoles à l'intérieur de ce périmètre, d'une superficie de 270 mille hectares, ainsi que la réalisation de travaux d'amélioration foncière sur plus de 3000 hectares. Il a révélé, en outre, la réhabilitation d'un nombre non négligeable» d'infrastructures d'élevage avicole et bovin au niveau de plusieurs communes situées à l'intérieur de ce périmètre, en plus de la plantation d'au moins 500 hectares d'oliviers, d'amandiers et de pommiers, à la faveur des fonds de soutien aux filières agricoles. Selon M.Bennaoui, l'apport le plus significatif de l'Etat dans la concrétisation de ce projet réside dans le futur barrage de Beni-Slimane, en cours de réalisation, qui va permettre d'irriguer, une fois mis en exploitation, une superficie de 2000 hectares.