S'exprimant hier sur les ondes de la Radio chaine 3, Réda Hamiani, président du FCE, a salué la mise en place du comité chargé de l'amélioration du climat des affaires. Il a estimé, toutefois, que cette initiative, louable en soi, ne va certainement pas régler tous les problèmes dont souffre le milieu des affaires en Algérie. «On salue cette initiative, mais ce n'est pas pour autant que les problèmes vont disparaître. Il va y avoir une phase de diagnostic et une série d'actions qui vont concerner toutes les administrations ; et c'est là où l'exercice est le plus difficile», a-t-il déclaré, tout en affirmant la volonté du FCE à prendre part à tous les débats au niveau de ce comité. «Ce comité auquel nous participons est une invitation importante et urgente à formuler des propositions concrètes qui seraient de nature à améliorer ce classement de l'Algérie dans le classement «Doing Business» de la Banque mondiale. Là aussi, nous allons participer, auprès du ministère de l'Industrie, pour donner notre point de vue sur la difficulté de création des entreprises, sur les difficultés d'obtention des financements, sur les difficultés d'accès au foncier. Toutes ces questions classiques qui polluent depuis un certain nombre d'années la bonne organisation de notre économie et surtout le bon fonctionnement et la bonne gestion des entreprises», a-t-il ajouté. Au-delà de la mise en place de cette structure, c'est une vraie volonté politique qu'il faut pour lever les contraintes qui entravent le bon fonctionnement des activités économiques et commerciales. «Nous traînons un environnement assez peu favorable au développement des affaires depuis trente ans. Des réglementations se sont superposées au fil des années, rendant inextricable un exercice normal de l'activité économique et commerciale. Il faut extirper cette sédimentation qu'il y a eu à travers toute cette période, une par une, procédure par procédure, administration par administration. Le chantier est très important. C'est un travail de fourmi qu'il faut entreprendre et un travail de forte volonté politique pour venir à bout de toutes ces contraintes», explique-t-il. Pour le président du FCE, les lourdeurs administratives sont un réel frein pour la compétitivité : «En termes de compétitivité, chaque fois qu'on consacre du temps à régler des problèmes administratifs, c'est du temps en moins à une gestion normale d'usines, de bureaux et d'ateliers. Si on veut retrouver un minimum de compétitivité, il faudrait que cette procédure administrative soit ramenée à ses justes proportions, comme partout dans le monde», a-t-il souligné. La stagnation de la taille des entreprises qui restent petites est un autre phénomène de notre économie que M. Hamiani rapporte au non accompagnement des banques qui ne donnent pas assez de ressources financières, à cause d'un marché désorganisé, un management souvent en deçà des normes et l'absence de vision économique générale, qui caractérise l'ensemble de l'économie algérienne. Le chef du FCE est revenu aussi sur les chiffres annoncés par la Banque d'Algérie concernant les crédits à l'économie. Selon ces chiffres, 52% des crédits sont attribués au secteur privé et 48% au secteur public. «Le taux est en hausse, mais il faut savoir de quoi on parle. Nous sommes en constante demande auprès de l'institution pour qu'on ait le détail de cette ventilation. Les 52% ne sont pas affectés uniquement à l'investissement productif. C'est la catégorie du privé, et dans cette rubrique-là, on classe l'Ansej, la Cnac, les prêts consentis aux familles à différents titres… Ce qui nous importe, ce sont les crédits à l'économie dédiés au financement de l'investissement.» Selon lui, les crédits à l'investissement sont très faibles. «Nous dépensons 2% uniquement pour l'investissement productif, et tout le problème réside à ce niveau. La dépense publique est importante pour nos infrastructures de base, les importations sont également importantes, le logement est également important, mais la remarque essentielle qui doit être faite à ce niveau-là, c'est que, malheureusement, parmi les financements accordés, très peu vont à la croissance de notre économie par l'investissement», a-t-il regretté.