Le président du FCE estime que le gouvernement doit agir avec prudence pour ne pas donner l'impression de freiner les investisseurs étrangers. Les économistes l'affirment, les hommes d'affaires le constatent et même les banquiers l'avouent: nos institutions financières n'accordent pas suffisamment de crédits aux jeunes pour créer des entreprises. «Il y a des crédits que nous n'arrivons pas à obtenir. Les banques demeurent frileuses malgré les garanties.» Cette frilosité décourage les jeunes diplômés à s'engager dans la création de leurs projets: «Sur les 100 diplômés, 5 seulement lancent leurs projets. 5% cherchent de l'emploi sous d'autres cieux, en Europe, les autres tentent leur chance ailleurs.» Ces propos émanent du président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Redha Hamiani, qui s'exprimait hier dans une émission à la Radio nationale Chaîne III. Oui au patriotisme économique à condition que ce principe soit engagé sans susciter la frilosité des investisseurs étrangers, a encore ajouté M.Hamiani estimant que le gouvernement doit agir avec prudence dans sa nouvelle politique économique pour ne pas donner l'impression de freiner les investisseurs étrangers. «Nous avons besoin pour booster l'économie nationale, d'un accompagnement technologique, d'un savoir-faire que seuls nos partenaires occidentaux peuvent assurer», a-t-il déclaré sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Invité de l'émission hebdomadaire «Politique», Hamiani s'est réjoui de l'intérêt accordé par les autorités politiques aux producteurs et investisseurs nationaux, longtemps mis à l'écart au profit des partenaires étrangers, considère toutefois que cette rupture doit se faire d'une manière intelligente: «J'étais très surpris par l'espace accordé dans les journaux à une information faisant état de la convocation du premier responsable de téléphonie mobile (allusion faite au P-DG de Djezzy).» Ce genre d'information, selon l'invité de la radio, risque de donner une image négative de l'Algérie à l'étranger. «Prudence» donc, suggère le président du FCE, mais cela ne devrait pas, selon lui, remettre en cause les acquis des producteurs nationaux. Le président du FCE s'est félicité aussi du bilan du gouvernement, celui exposé par le Premier ministre Ahmed Ouyahia devant les députés et a qualifié de «rigoureux» le dernier plan quinquennal de développement: «Encore faut-il que la volonté politique soit concrétisée sur le terrain.» En d'autres termes, pour le moment rien n'est sûr. Hamiani évoque le chapitre de la stratégie industrielle qui demeure un voeu pieux. Cela laisse, semble-t-il «perplexes» les investisseurs privés qui attendent la mise en place, après définition, des mécanismes de sa mise en oeuvre: «Les expériences du passé nous laissent méfiants», avoue-t-il. A ce titre, le FCE encourage le gouvernement à investir dans «l'appareil productif». Ce qui n'est pas le cas pour le moment. Il aborde la question de l'emploi pour éluder ses propos. Sur les 750 000 postes créés, seuls 17.000 ont été créés par les PME / PMI dans le secteur productif. Le reste des postes ont profité à l'administration. L'autre contradiction relevée dans les déclarations a trait à l'instauration du crédit documentaire. Même si le principe n'est pas à remettre en cause, le FCE soulève tout de même certains aspects de nature à paralyser les producteurs et les investisseurs nationaux: «La procédure est coûteuse. Elle crée une espèce de méfiance entre importateurs et fournisseurs. Elle instaure des délais à même de paralyser la machine de production.» C'est ce qui inquiète davantage Redha Hamiani. Hormis la sphère économique, Hamiani a refusé de mêler son organisation dans les conflits politiques affirmant que «le FCE se positionne comme observateur de la scène politique et non pas comme acteur».