Hier matin, en marge d'une conférence-débat organisée au centre de presse d'El Moudjahid, les principaux acteurs du secteur de l'exportation dans notre pays, n'ont pas manqué d'exprimer leurs inquiétudes et leur attentes vis-à-vis d'une volonté politique de l'exportation qui tarde à s'exprimer en pratique. Pour le président de l'association des exportateurs, M. Zoheir Benslim «nous ne sommes apparemment pas encore décidés à exporter hors-hydrocarbures». En effet, brossant le tableau des difficultés qu'il rencontre lui et ses collègues exportateurs, il parle de décisions politiques indispensables pour pousser les entreprises à l'exportation. L'exemple de la Tunisie et du Maroc, ne pas comparer l'incomparable «Dans ce contexte de concurrence mondiale, l'exportation est une guerre, une lutte, il faut s'y préparer» a-t-il déclaré. Selon lui, sans une stratégie claire de l'exportation, un encadrement et surtout un soutien de l'Etat, nous ne réussiront jamais à tirer vers le haut ce secteur, oh combien important. Des mesures qui se traduiraient, selon lui, par une réhabilitation indispensable des PME PMI. «Tous les pays du monde, aident leurs entreprises à exporter, sans le dire, mais de façon intelligente». Pour M. Benslim, l'exemple du Maroc et de la Tunisie est différent de celui de l'Algérie. Selon lui, ces deux pays voisins ont été contraints à développer des secteurs comme celui du tourisme ou de l'exportation pour «pouvoir subsister». Un besoin qui n'est pas encore ressenti, selon lui, par l'Algérie. En d'autres termes, les Algériens se désintéresseraient de l'exportation aux vu du confort que leur offrent ses ressources pétrolières. Du coup, les calculs s'en retrouvent faussés, et toute la chaine de l'exportation subit la même léthargie, que ce soit en technicité, ou en formation. Pendant ce temps, «la Tunisie comme le Maroc ont développé la richesse la plus importante qu'ils aient ; la ressource humaine.» a-t-il indiqué. En même temps, preuve en est de la motivation et l'efficacité des exportateurs algériens malgré le manque de soutien dont ils souffrent, ces entrepreneurs ont réussit à se déployer dans les pays subsahariens, les pays arabes et ceux de l'Afrique de l'Ouest. Ils sont nombreux à y exporter des produits de qualité même si ceci reste marginal. Justement, intervenant sur ce sujet qui lui est «chère» M. Serrai, PDG du cabinet d'audit AIC confirme: «Dans les années 80, délégué du ministère du commerce, nous avions identifié 2.000 produits exportables vers l'étranger» et il ajoute «aujourd'hui, en 2009, l'Algérie n'exporte que 15 ou 16 produits tout au plus. Un gaspillage énorme de notre part, et un manque à gagner tout aussi important.» M. Serrai a cité, en exemple notamment, les câpres dont raffolent les pays du nord et qui abondent dans la région de Bejaïa. Les fraises, les plaquemines, les figues algérienne, les pipe de bruyère algériennes, que les norvégiens offrent comme cadeaux, en plus des produits artisanaux dont les magasins de Frankfurt débordaient jusqu'à il ya quelques années. D'après M. Serrai, le ministère du Commerce est en partie responsable de ces lacunes. Mais ce n'est pas tout. Selon lui, c'est toute la bureaucratie qui retient l'envol de l'exportation malgré les potentialités qu'elles recèlent. «Il secouer l'arbre fruitier» a-t-il déclaré. Une façon pour lui de bousculer les habitudes et les reflexes de bureaucratie dont les résultats sont connus de tous. Enfin, s'adressant à M. Benslim, qui était intervenu quelques minutes plus tôt, M. Serrai appelle à l'optimisme. Il encourage les exportateurs à continuer à œuvrer pour que l'Algérie puisse exporter autre chose que les hydrocarbures. «Il faut sans cesse faire des propositions, participer à ces espaces de discussions, et taper du poing sur la table pour que les changes reviennent à la normalité» a-t-il conclu.