La mise à niveau de quelque 20.000 PME avant la fin de 2014, nécessite une accélération du processus pour rattraper le retard et atteindre cet objectif tracé pour les pouvoirs publics, estiment des experts proposant une série de mesures pour résoudre les difficultés rencontrées sur le terrain. Contacté par l'APS, le vice-président de l'Association nationale des consultants algériens, Idriss Yalaoui, a déclaré que «à la fin de 2014, il n'y aura que 2.000 PME» qui auront achevé la mise à niveau dont le programme national 2010-2014 a été doté d'une enveloppe financière de plus 385 milliards de DA. Expliquant les causes de ce retard, Yalaoui avance le fait que l'Agence nationale de développement de la PME (ANDPME) ne dispose pas de toutes les capacités financières et de management pour faire face à la demande des entreprises alors même que les patrons n'affichent pas d'enthousiasme particulier. Présentant des cas illustrant ces difficultés, il cite l'exemple d'une facture pro-format pour le renouvellement d'un équipement faisant ressortir un prix donné que l'ANDPME n'hésite pas à minorer faisant en sorte que l'entreprise renonce à investir bloquant ainsi son programme de mise à niveau. Il donne encore l'exemple du coaching et de l'assistance au management sur lesquels un expert travaille pendant deux ans avec des honoraires de 500.000 dinars pour la période, soit 20.000 dinars par mois, ce qui est jugé insuffisant. Cette inadéquation entre les propositions des experts et celles de l'ANDPME, traduit, selon cet expert, le fait que le coût de la mise à niveau prévu par l'Agence est en deçà des attentes. M.Yalaoui propose alors de revoir ces procédures pour parvenir à booster le rythme de la mise à niveau afin que davantage d'entreprises puissent en bénéficier. Avec la cadence actuelle, il en résulte que trois ans après le lancement du programme de mise à niveau, uniquement 800 PME ont subi un diagnostic, première étape vers ce processus, regrette-t-il. Pour étayer ses propos, M.Yalaoui précise que les entreprises déficitaires ne sont pas éligibles à la mise à niveau alors que ce sont celles qui en ont le plus besoin. «Une entreprise en bonne santé n'a pas besoin d'aller vers la mise à niveau», a-t-il souligné, appelant ainsi à une révision des critères d'éligibilité. D'autres contraintes sont identifiées par Slim Othlani, président du Club d'action et de réflexion sur l'entreprise (CARE). Il affiche son scepticisme sur la capacité financière de l'Algérie à parvenir à la mise de 20.000 entreprises en quelques années. Revoir les critères d'éligibilité des PME pour leur mise à niveau Il pointe aussi du doigt le peu de préparation de la part des chefs d'entreprises à côté du nombre réduit d'experts s'occupant de la tâche de mise à niveau. Pourtant, «il n'y a aucun mal à faire appel à l'expertise étrangère», a-t-il préconisé. Les experts précisent que les difficultés constatées suite à lenteur de la mise à niveau fragilisent les entreprises qui doivent faire face à la concurrence internationale. Les experts rappellent l'échéance de l'ouverture des frontières avec le démantèlement tarifaire prévu en 2020 dans le cadre de l'Accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne à laquelle s'ajoute la question de la concurrence déloyale. Toutes ces contraintes témoignent, selon Zaïm Bensaci, membre du Conseil d'orientation de l'ANDPME et président du Conseil national consultatif de la PME (CNC PME), de l'urgence de parvenir à une mise à niveau davantage de PME. Il illustre cet enjeu en soulignant que plus de 90% du tissu économique est constitué de PMI/PME organisées sur des structures familiales, ne possédant pas de management stratégique et ne pouvant pas faire face à la concurrence internationale. Malgré ces difficultés, M. Bensaci a «bon espoir» que le ministère de l'Industrie et de la PME puisse inverser la tendance surtout avec «l'intérêt» affiché en faveur du dossier. Le ministre de l'Industrie, Chérif Rahmani, a annoncé en mars dernier une réorganisation de l'ANDPME «qui vise à mettre à la disposition de cet organisme des outils lui permettant d'assurer pleinement son rôle d'appui et de développement à la PME ainsi que la décentralisation des programmes de mise à niveau». Le tout pour parvenir à «un repositionnement de la PME pour en faire un réel vecteur de croissance et de développement socioéconomique», a-t-il ajouté. Selon M. Bensaci, le futur statut de l'ANDPME fera d'elle un organisme «spécifique» et non plus un Etablissement public administratif comme à l'heure actuelle, synonyme, selon lui, de contraintes dont elle devra se libérer. Le nombre de PME ayant bénéficié du programme a atteint 719 entreprises en 2012 sur les 2.153 dossiers déposés, selon des données de l'ANDPME dans le cadre de ce dispositif mis en œuvre dans le quinquennat 2010-2014 et pour lequel une enveloppe financière de l'ordre de 385,7 milliards de DA a été allouée.