Des artisanes algériennes participant à la quatrième édition du festival national de la création féminine à Alger ont fait part de la difficulté d'acquérir la matière première pour la fabrication d'ustensiles en poterie et en céramique. Des artisanes qui exposent au palais des Rais (Bastion 23) dans le cadre de ce festival qui a débuté jeudi ont fait part à l'APS de la difficulté d'acquérir la matière première à savoir l'argile et la terre pour la poterie et le ciment, la résine, le quartz et le kaolin pour la céramique. Zahira Benouda, artisane en poterie de Chenoua (Tipasa) a déclaré ne compter que sur ses propres efforts pour se procurer la matière, ajoutant que la matière première (argile) se trouve dans des régions montagneuses impraticables et dangereuses pour une femme. La fabrication de la poterie exige une main d'oeuvre actuellement rare, précisant que ce métier est «limité» à certaines familles encore attachées à la tradition et à l'authenticité. Cette artisane s'emploie à apprendre ce métier aux jeunes filles de la région de Tipasa par amour pour cet art hérité des ancêtres. De son côté Zahia Dahel de Annaba spécialisée dans la céramique, a relevé l'indisponibilité en Algérie des matières qui entrent dans la confection des ustensiles en céramique et qui sont importées d'Italie et d'Espagne souvent en devises ce qui est hors de portée de beaucoup d'artisans, a-t-elle dit. L'exposante a déploré le «recul» que connaît l'art de la céramique en raison des prix de certaines matières premières ce qui se répercute sur les ventes, soulignant que les acheteurs préfèrent se tourner vers les produits importés de Chine qui sont cédés à «bas prix». Quant à Kadidja Abdelwahed de Tamentite (Adrar) spécialisée en poterie elle a indiqué que la fabrication des poteries de Tamentite nécessite l'argile et l'encre noir sachant que les produits en terre de la région sont différents de ceux des autres régions en raison de leur couleur foncée. Elle confiera que les hommes ont monopolisé cet art car la matière première est ramenée de régions lointaines plus accessibles pour eux que pour les femmes, ajouté à cela, a-t-elle dit que la fabrication de produits en terre s'intensifie à l'approche de la saison touristique ce qui la rend ‘«occasionnelle». Pour l'artisane Fatma Kheroubi de Sidi Semiane de Tipasa, qui participe également avec des pièces de poterie artisanale, le manque de matériels comme les fours rend sa tache difficile sachant que ce métier est sa seule source de subsistance. L'exposante Kahina Osmani de Tizi Ouzou qui a appris les rudiments du métier de sa mère considère, pour sa part, que l'insuffisance des marchés limite l'exposition de ses produits à l'atelier familial. Elle avoue vouloir se spécialiser dans la poterie à travers un projet qu'elle compte concrétiser grâce au système de «l'emploi jeune». La quatrième édition de ce festival s'étend du 6 au 13 juin au Bastion 23 à Alger et rassemble une quarantaine de participantes algériennes et étrangères spécialisées dans la poterie la céramique, la mosaïque et la sculpture.