Dans un but visant l'encouragement des métiers artisanaux dans divers domaines, une opération de recensement vient d'être effectuée en ce sens dans la wilaya de Naâma. En effet, plus de 490 artisans recensés par la chambre des métiers artisanaux de la wilaya de Naâma seront réintégrés dans leurs activités grâce à des crédits à court terme susceptibles de les aider à créer leurs propres petites et moyennes entreprises spécialisées, indique-t-on auprès de la même chambre. Le nombre d'artisans est considéré comme faible pour redresser la situation d'un secteur en régression, délaissé en raison d'une part, des difficultés rencontrées dans la commercialisation des produits et, d'autre part, de la hausse des prix de la matière première, des charges fiscales et autres redevances en matière d'assurance. Cette situation a ralenti le rythme d'adhésion des associations professionnelles à l'opération de recensement, de réimmatriculation et d'intégration des artisans à la carte de wilaya, ajoute-t-on. Par ailleurs, certains artisans n'ont pas caché leur désir d'obtenir des crédits exonérés d'impôts pour les novices, en vue de redynamiser leurs ateliers, acquérir les machines et les outils de production avec possibilité d'éponger les dettes des anciens artisans. Le nombre exact de ces artisans qui n'a pas été établi à ce jour, ne reflète pas la réalité vécue par les pratiquants de ces activités artisanales estimés à plus de 2000 à travers la wilaya, signale-t-on à la chambre de l'artisanat qui estime que la plupart d'entre eux préfèrent ne pas déclarer leurs activités par appréhension fiscale et des taxes jugées excessives relatives aux registres de commerce, à l'exemple des femmes rurales qui exercent dans les villages steppiques ou dans les tentes pour subvenir aux besoins de leurs familles. Les produits traditionnels réputés dans la plupart des villages relevant des communes d'El Bayoudh, Bennamar, Kasdir, Mohgrar Tahtani, Aïn Sefra et Sfisifia, sont confectionnés à partir de la laine, de poils de chameaux, de cuir, d'argile, de troncs d'arbres, d'argent, de cuivre, de poils de caprins et autres produits premiers pour la réalisation de tapis, de couvertures, d'ustensiles, des bijoux de différentes formes et de sculptures variant d'une tribu à une autre. La poterie, véritable chef-d'œuvre déclinée sous différentes formes et tailles attire par ses couleurs gaies. Elle est considérée comme l'un des plus anciens métiers enraciné dans la région, notamment au sud de la wilaya, à l'image de la céramique, métier manuel millénaire dans la zone de l'oasis de Tiout célèbre par son aspect urbanistique et ses ksour, ses oueds et barrages construits avec de la pierre et de l'argile. Les plus anciennes vaisselles qui se trouvent au musée du kasr, plus connues sous le nom "Agram" (main, en amazigh) sont faites d'argile pure. L'artisan Henine moulay (57 ans), résidant à kasr de Tiout, qui a mis en exergue l'importance des métiers de l'artisanat traditionnel, estime qu'"il est de notre devoir de les préserver et de s'y attacher en les transférant de génération en génération, car chaque objet de poterie reflète toute une histoire de notre civilisation", soulignant par là que "la poterie est l'art le plus simple et le plus complexe en même temps". La commune de Sfisifia, située au sud de la wilaya de Naâma, est réputée pour le travail de la poterie et de la céramique. Cependant, la commercialisation des produits artisanaux reste difficile en raison du manque d'expositions, de l'éloignement des zones rurale et de l'absence de centres spécialisés dans le développement de ces arts. Ce qui explique l'abandon par les artisans de ces métiers pourtant considérés comme créneaux porteurs sous d'autres cieux. La réalisation de ces bijoux artisanaux reste limitée à l'usage des habitants de la région pour qui les ustensiles en plastiques et en aluminium sont à bannir car ils croient en les avantages sanitaires des produits de poterie où ils peuvent cuisiner et manger sain en utilisant les marmites et la vaisselle faites en terre cuite, ou encore conserver leurs produits, dont les olives, le beurre, l'huile, les dattes et autres céréales dans des jarres. En outre, ce métier s'est développé par l'introduction de formes de sculptures à même de satisfaire tous les goûts.