Avec des investissements directs étrangers (IDE) qui ont retrouvé en 2012 leurs niveaux de 2010, la Tunisie envisagerait le lancement de projets à grande échelle dans les secteurs de l'industrie et des services, ce qui aurait des retombées positives sur la reprise économique et les recettes d'exportations - deux aspects cruciaux quand on sait que le taux de chômage national tournait autour de 18% sur les derniers mois de l'année 2012. De nombreuses initiatives sont en cours visant à stimuler la création d'emplois, notamment grâce à de nouvelles politiques de soutien des petites et moyennes entreprises (PME). L'un de ces projets vise à développer l'offre en matière de microfinance, système bien établi mais dont la portée est limitée. Le secteur est dominé par deux acteurs principaux, Enda Inter-Arabe et la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS), auxquels s'ajoutent de nombreux petits opérateurs. Au 31 décembre 2012, Enda, une institution de microfinance (IMF), desservait 211 728 clients actifs pour un encours de crédit de 135,4 millions de dinars (65,3 millions d'euros). Il existe un consensus croissant sur le fait que la microfinance va être amenée à jouer un rôle de plus en plus important dans le soutien des PME et des producteurs indépendants. La délégation de l'UE en Tunisie a signé mi-janvier un contrat de subvention de 1,8 million d'euros avec l'organisation française de microfinance MicroCred en vue d'établir une filiale tunisienne, MicroCred Tunisie. Outre des micro-prêts à destination de particuliers et d'entreprises exclus du système bancaire formel, MicroCred Tunisie devrait également proposer des services d'accompagnement afin d'aider des entrepreneurs à conceptualiser et lancer leur propre entreprise. Le coût total du projet, qui sera cofinancé par l'UE, des institutions financières internationales et des partenaires locaux tels que des banques tunisiennes et des groupes industriels du secteur privé, est estimé à 3,6 millions d'euros. Les partenaires du projet comptent atteindre le chiffre de 250 000 bénéficiaires de microcrédit au cours des cinq premières années, parmi lesquels 150 000 dans des régions sous-développées à l'intérieur du pays. Les Tunisiens prennent également des mesures pour stimuler les services bancaires conventionnels auxquels les PME ont accès. Le 2 janvier, la Banque de Financement des Petites et Moyennes Entreprises (BFPME) a signé trois conventions avec la Société Islamique pour le Développement du Secteur Privé (SIDSP), filiale de la Banque Islamique de Développement chargée du secteur privé, afin d'accroître les sources de financement pour les petites entreprises. La première convention -d'une durée de cinq ans renouvelables- consiste en un fonds de coopération technique relevant de la SIDSP d'un montant de 350 000 dinars (168,630 euros) qui aidera la BFPME à développer son offre de services. La SIDSP apportera une assistance consultative et technique en ce qui concerne l'introduction de nouveaux produits et services bancaires islamiques destinés aux PME. La seconde convention prévoit la création d'un fonds de placement commun par l'Etat tunisien et la SIDSP, baptisé " Theemar ", qui sera géré par la Société du Golfe des Services Financiers pour la Région d'Afrique du Nord (United Gulf Financial Services North Africa), une filiale basée en Tunisie de la United Gulf Bank. Les trois parties vont cofinancer avec Theemar des projets de PME. La gestion commune devrait permettre d'encourager les échanges de compétences quant à l'évaluation des risques et de soutenir le développement des PME. En plus des initiatives visant à renforcer la production et l'activité des PME dans l'espoir d'encourager la création d'emplois, le gouvernement cherche également à canaliser les dépenses publiques vers l'intérieur du pays, où un fort taux de chômage et des infrastructures moins développées contribuent au mécontentement social. Les nouveaux investissements annoncés dans le développement des régions de l'intérieur ont chuté de 4,3% en 2012, passant à 1,61 milliard de dinars (775, 8 millions d'euros). Pour renverser la tendance, l'Etat propose des primes à l'investissement pour des projets industriels lancés dans des zones de développement régional stratégiques ainsi que des allègements fiscaux pour une durée de 10 ans, des conditions spéciales en matière de main d'œuvre et des avantages fiscaux sur la souscription au capital d'entreprises dans les zones industrielles. En 2012, une enveloppe de 176 millions de dinars (85 millions d'euros) a été dégagée du budget de l'Etat à destination de 286 projets de développement dans le gouvernorat de Kasserine, région du centre-ouest du pays, limitrophe de l'Algérie. Une somme de 44 millions de dinars (21,2 millions d'euros) est prévue pour la construction d'infrastructures, notamment la construction de ponts et la rénovation de la ligne ferroviaire entre Tunis et la ville de Kasserine. Plusieurs de ces projets, d'un montant total de près de 19 millions de dinars (9,2 millions d'euros), sont axés sur l'amélioration de l'offre éducative dans la région, qui passe par exemple par l'introduction de programmes de formation professionnelle pour une meilleure adéquation des compétences des habitants avec le marché du travail. La somme de 139 000 dinars (67 000 euros) a été attribuée à un autre projet, à savoir le réaménagement de zones industrielles dans la région. Si le développement économique des régions de l'intérieur est un objectif sur le long terme, les efforts mis en œuvre pour concentrer les ressources et encourager l'investissement dans cette zone devraient contribuer à faire avancer les choses. L'un des principaux défis est de stimuler la création d'emplois ; en se concentrant sur des zones de développement prioritaire et en augmentant l'accès au financement pour les petites entreprises locales, la Tunisie prend mes mesures qui permettront de construire une base solide pour la croissance économique des années à venir.