L'Algérie a présenté sa candidature pour inscrire deux élments de son patrimoine culturel immatériel sur la Liste représentative du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine immatériel de l'Unesco qui se réunira du 2 au 7 décembre prochain à Bakou (République d'Azerbaïdjan) dans le cadre sa huitième session. «Le Pèlerinage annuel au mausolée de Sidi Abd El Qader Ben Mohammed dit +Rakb ouled Sidi Cheikh+ et les pratiques et savoirs liés à l'imzad, instrument musical commun aux communautés touarègues d'Algérie, du Mali et du Niger, sont les deux éléments proposés dans cette perspective», a déclaré samedi à l'APS, le Directeur du Centre national de recherches préhistoriques anthropologiques et historiques (CNRPAH), Slimane Hachi, en marge de la 37éme de la Conférence générale de l'Unesco, dans la capitale française. «Le Pèlerinage annuel au mausolée du Saint Sidi Cheikh que l'Algérie présentera en son nom propre, est un patrimoine du Sud-Ouest algérien (wilaya d'El Babyadh). C'est un évènement majeur dans la région et absolument majestueux puisqu'il se déroule sur plusieurs jours où des milliers de personnes se donnent rendez-vous auprès du mausolée», a précisé Slimane Hachi. Il est organisé par les communautés nomades et sédentaires appelées Ouled Sidi Cheikh, qui descendent d'un grand soufi, Sidi Abdelkader Ben Mohamed, dit Sidi Cheikh, né en 1532 à l'Ouest de l'Atlas saharien en Algérie, mort aux environs de Stiten (El Bayadh) en 1616, et enterré à el Abiodh Sidi Cheikh, où son mausolée a été construit, a-t-il expliqué. Le pèlerinage rassemble les communautés affiliées à la confrérie soufie dite «Boucheikhiya» fondée par Sidi Cheikh. Il a lieu au mausolée de celui-ci, pendant trois jours, à partir du dernier jeudi de juin de chaque année. Il consiste en des rituels religieux et des manifestations profanes festives tels que la visite des pèlerins au mausolée où ils y récitent des versets du Saint Coran, prient et méditent. La «Selka», également inscrite dans ce Rekb, consiste à réciter le texte Sacré en chœur pendant toute la nuit du jeudi au vendredi. Au petit matin, a lieu une cérémonie appelée « El khatima», qui consiste à renouveler l'affiliation des communautés à la confraternité soufie «Boucheikhiya». Les hymnes à Sidi Cheikh et danses de femmes dite «Saf» à la zaouiya, «Lalla Rabi'a», ainsi que la danse guerrière dite «alaoui» sont également organisées, selon les précisions du directeur du CNRPAH qui présidera la délégation algérienne à Bakou. Des jeux équestres mobilisant plus de trois cents cavaliers venant de toutes les communautés affiliées à la confraternité, des jeux d'escrime et une commensalité, consistant en l'offre de nourriture aux pèlerins et à tous les visiteurs étrangers, figurent également dans ce Rakb. L'Imzad élément du patrimoine culturel immatériel commun à l'Algérie, le Mali et le Niger Le deuxième élément présenté par l'Algérie pour candidature, au Comité intergouvernemental de l'Unesco est un dossier international, introduit en son nom propre, ainsi qu'au nom de deux pays voisins, à savoir le Mali et le Niger, qui est l'instrument musical l'Imzad, a indiqué, Slimane Hachi. Cet élément représente toute la culture liée à la poésie, le chant, la musique, les pratiques, les rites liés à l'Imzad, instrument musical touareg, un vieux monocorde traditionnel, joué assis, exclusivement par les femmes qui accompagnent ainsi en musique, les poèmes et les chants des hommes, à travers l'évocation de l'honneur guerrier, l'amour courtois et le nomadisme. «L'Algérie a proposé une candidature commune aux côtés du Mali et du Niger, pour sauvegarder cet instrument ancestral, âme de la culture touarègue et dont la pratique est menacée de disparition», a souligné M. Hachi qui a précisé qu'il reste peu de femmes à savoir encore le manier, particulièrement au Mali en proie à un conflit armé. «Nous sommes dans l'attente de la décision du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'Humanité qui tranchera, lors de sa prochaine réunion, à Bakou, sur les suites à donner à la candidature que nous avons introduite», a-t-il encore indiqué. La Patrimoine culturel immatériel de l'Humanité, comprend les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire, ainsi que les instruments, objets, et espaces culturels qui leur sont associés et que les communautés reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. Il est transmis de génération en génération, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine.