Aujourd'hui, le premier vice-président de l'Assemblée populaire communale d'El Ançor se présentera devant le tribunal d'Aïn El-Türck -pour répondre au grief d'injures publiques- proférées à l'encontre d'une dizaine de plaignants habitant la même commune. Ce même élu se présentera, dans les jours à venir, cette fois en qualité de plaignant, devant le même tribunal, dans une affaire similaire, contre le président de l'association local l'ONZA. Ce dernier répondra aux griefs d'outrage à élu communal et injures. Ces deux affaires résument ou étalent le climat social entre les habitants et leurs «représentants» dans ce village habituellement serein. Le divorce est désormais consommé entre la population et les élus. Les Anceris déclarent qu'ils n'oublieront jamais la constitution de l'APC comme partie civile, lors du procès qui a suivi les émeutes. La politique de l'autruche opérée par l'APC lors du mouvement de protestation des Anceris pour éradiquer les carrières a stigmatisé la population qui n'a pas trouvé à quel Saint se vouer. Le climat social a été très détérioré depuis. La population s'est dite deux fois martyrisée: une première fois par les pollutions et les nuisances des carrières et une autre fois par les élus locaux qui «n'ont pas protégé leurs électeurs», relève-t-on. En effet, depuis les dernières émeutes qui ont secoué El Ançor durant plusieurs jours, les relations entre les Anceris ne sont plus les mêmes. Deux groupes distincts se sont constitués dans le microcosme du village: ceux qui étaient contre l'installation des carrières et qui demandent toujours de les éradiquer; et ceux qui ne donnent pas d'avis public sur le problème de la pollution mais, en aparté, déclarent que les carrières ont une plus-value bénéfique pour l'économie de la commune. Le premier clan se constitue de la majorité des Anceris. Ils restent unanimes quant à l'éradication des carrières. «Nous condamnons la réouverture des carrières. Les nuées de poussières se propagent sur le village, comme à l'accoutumée. Rien n'a été fait pour empêcher la propagation des nuages poussiéreux. C'est du chantage! Basta», assènent les citoyens. Ils dénoncent les agissements de certains élus locaux de l'APC qui, au lieu de les protéger et de sauvegarder leur sécurité, sérénité et santé, soutiennent les exploitants. «Nos élus agissent comme s'ils sont des commis de l'Etat ! Le rôle liminaire du maire et de protéger ses électeurs et non pas le contraire. Nos frères et amis ont passé de longs mois en prison. Et le comble de l'ironie, c'est l'APC qui s'est constituée partie civile», dénonce un jeune d'El Ançor. La population qui se sent lésée, flouée, bafouée par les pouvoirs publics dans le conflit qui l'oppose aux exploitants des carrières, essaye désormais de se réunir à nouveau et de trouver des solutions pour faire valoir ses droits légitimes. Côté exploitants des carrières: «nous avons dévié le trafic de nos camions par la route du cimetière. Désormais, nos camions bifurquent avec un chemin tortueux pour détourner tout le village pour enfin joindre les carrières. Pour le moment, nous n'utilisons plus de dynamite. En attendant, nous travaillons avec des brises-roches», déclare un employé d'une des entreprises exploitantes des carrières d'agrégats. Les habitants confirment les déclarations des exploitants. Ils déclarent que «le degré de pollution du village est le même. Nous avons protesté contre la pollution, contre ces nuages de poussières qui nous asphyxient. Ce n'est pas uniquement la dynamite qui est la cause des nuages de poussières, c'est surtout le concassage et le sassage des agrégats», tonnent des citoyens. Donc, le conflit perdure. Le calme des habitants n'est qu'une accalmie. Les relations entre les élus et la population sont très fragiles. Et le massacre environnemental des carrières continue.