L'absence d'un cadre juridique, la multiplication des intervenants et la non implication des propriétaires au financement sont les principales «contraintes» rencontrées dans l'opération de réhabilitation du vieux bâti dans les communes du centre-ville d'Alger. Coûteuse sur le plan financier et lourde en termes de réalisation, la réhabilitation du vieux bâti de la capitale souffre d'abord de l'absence de l'ancrage juridique, estime un directeur central au ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la ville, Ouahid Temmar. «Parmi les contraintes rencontrées dans la réhabilitation du vieux bâti, il y a l'absence de l'ancrage juridique. Il y a un manque de textes régissant cette activité et définissant les procédures à suivre», a indiqué M. Temmar lors de la présentation du projet aux autorités de la wilaya d'Alger. Les seuls textes de loi disponibles portent sur la préservation du bâti classé patrimoine cultuel ou historique, d'où est exclu le parc immobilier datant de l'époque coloniale française, «même s'il y a des édifices qui méritent d'être classés pour leur valeur affective», a souligné Mme Kessab, architecte et enseignante à l'Ecole polytechnique d'architecture et d'urbanisme (EPAU) d'El Harrach. L'absence d'opérateurs nationaux spécialisés dans la remise en état du vieux bâti figure parmi les contraintes listées par M. Temmar. Les chantiers ouverts dans la commune d'Alger Centre sont confiés à des entreprises étrangères: en attendant les Italiens, les Portugais sont au boulevard Colonel Amirouche et les Espagnols à la rue Larbi Ben M'hidi. Ces projets sont toutefois considérés comme des «chantiers-école» où les jeunes architectes algériens se formeront sur le tas aux différentes techniques liées à la restauration du vieux bâti exposé, dans le cas d'Alger, au vieillissement naturel des matériaux de construction, aux transformations anarchiques et à l'absence d'entretien. Par ailleurs, la multiplication des intervenants dans l'opération n'est pas faite pour arranger les choses, à en croire M. Temmar. La capitale dispose d'un programme de réhabilitation de 55.302 logements identifiés par l'étude de diagnostic technique et socio-économique réalisée en 2006 et qui a porté sur un parc de 13.690 immeubles (78.445 logements) répartis sur les 14 communes du centre-ville. «Il y a six intervenants dans l'opération de réhabilitation en cours à Alger. Il faut arriver à ne constituer qu'un seul», a-t-il proposé. En plus des trois OPGI d'Alger (Bir Mourad Raïs, Sidi M'hamed et Dar El Beida), l'opération enregistre l'intervention de la Régie foncière d'Alger, le bureau d'étude OFARES et la direction de wilaya de l'aménagement et de la restructuration des quartiers (DARQ). M. Temmar a également souhaité l'implication des habitants dans l'opération surtout les propriétaires qui doivent en principe faire réaliser eux-mêmes les travaux de réhabilitation de leurs immeubles. Les projets de réhabilitation des immeubles se trouvant sur les grands boulevards du coeur de la capitale sont financés par le ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la ville, tandis que ceux des quartiers sont à la charge de la DARQ, sur le budget de wilaya. «La wilaya a sollicité le ministère pour le financement de cette opération de réhabilitation. Une première enveloppe de cinq milliards DA a été dégagée», a expliqué le directeur du logement de la wilaya, Smail Loumi. Cette enveloppe servira à couvrir la rénovation d'immeubles de 7.200 logements sur les 11.810 logements concernés à Alger Centre, Sidi M'hamed et El Mouradia par le première phase du programme de réhabilitation du vieux bâti de la wilaya qui en compte cinq. «Le reste de la première phase et de tout le programme de réhabilitation suivra en fonction des enveloppes dégagées par le ministère», a expliqué M.Loumi. Autant dire que ce projet est inscrit dans la durée.