Une convention de coopération dans le domaine de recherche en santé sera signée prochainement entre l'Agence nationale thématique de recherche en sciences de la santé (ATRSS) et l'Institut français de la santé et de la recherche médicale (INSERM), a-t-on appris dimanche auprès du directeur général de l'ATRSS, Kaouel Meguenni. S'exprimant devant la presse en marge du premier séminaire algéro-français sur «la recherche en santé mentale et neurosciences», le Pr Meguenni a indiqué qu'un panel d'experts algériens et français discuteront lundi de la possibilité de coopération entre les deux institutions dans le domaine de la recherche en santé, notamment en santé mentale, maladies transmissibles et non-transmissibles, pathologies cardio-vasculaires, cancers, maladies neurologiques et, entre autres, en santé de la mère. «Nous aurons à établir une stratégie commune de coopération. Nous commencerons par l'organisation d'un prochain séminaire de formation destiné aux doctorants et aux jeunes chercheurs algériens sur l'immunologie et l'immunogénétique le mois de mars prochain à Constantine», a-t-il souligné. Le but essentiel de cette stratégie est de promouvoir la recherche dans le domaine des neurosciences, la neurologie, les accidents vasculaires, la sclérose en plaque, la maladie de Parkinson qui affectent de plus en plus la population en Algérie, selon le même responsable. Toutes ces pathologies et d'autres devront être supportées par un système de santé performant, appuyé par la recherche qui permettra éventuellement de juguler les facteurs de risques et d'aider à la prise de décisions dans le domaine des neurosciences, a-t-il expliqué. Beaucoup de liens entre universités et centres de recherche des deux pays existent, a ajouté le même responsable, soulignant que ces actions communes sont disparates et dispersées et que l'ATRSS tend actuellement à faire regrouper toutes les ressources nationales, les mettre en réseau et les fédérer dans des laboratoires de recherche pour bénéficier au mieux des fruits de cette coopération bilatérale. De son côté, le Pr Farid Kacha, chef du service de psychiatrie à l'EHS de Chéraga (Alger), a déclaré: «l'Algérie est confrontée à des demandes de soins et diagnostics que nous pouvons faire, mais pour découvrir de nouvelles thérapies. Il faut des plateaux techniques et des équipes de recherche qui ont déjà de l'expérience». Pour ne pas perdre de temps, a ajouté ce spécialiste, «on a la possibilité d'envoyer des stagiaires et voir les pistes permettant de découvrir ces maladies et le traitement à mettre en place. C'est une occasion de rencontrer les équipes de recherche françaises et tisser des relations de collaboration pour l'avenir». «L'espérance de vie en Algérie a dépassé 74 ans. Nous avons besoin d'apprendre plus sur les maladies qui touchent le système nerveux. Nous devons savoir plus sur l'Alzheimer et les mutations de la maladie de Parkinson et pourquoi touchent-elles beaucoup les Algériens». «Il n'y a pas autre moyen que de profiter de la coopération et de l'expérience des autres en la matière, spécialement les européens qui ont beaucoup d'avance dans ce domaine et avec lesquels nous allons également travailler sur l'autisme et l'Alzheimer», a souligné le Pr Kacha. Pour le chef de la délégation française et représentant de l'Institut INSERM, le Pr Jean-Marc Egly, «c'est une vraie collaboration entre spécialistes des deux pays que nous voulons mettre en œuvre. Ce n'est pas simple, mais nous y arriverons. Nous avons beaucoup à réaliser ensemble». «La force des Algériens c'est qu'ils ont une très bonne connaissance de l'aspect clinique, et c'est le plus important. Nous avons tendance malheureusement depuis quelques années à négliger cet aspect», a-t-il déploré. De son côté, le neurobiologiste et directeur au Centre de Recherche de l'Institut français du cerveau et de la moelle osseuse (ICM), le Pr Etienne hirsch, a indiqué que les Français attendent beaucoup de cette collaboration entre l'Algérie et la France. «Enormément d'échanges ont été fait dans le domaine de neurogénétique. Maintenant, il faut essayer d'aller plus loin et développer de nouveaux partenariats dans plus de domaines», a-t-il souligné. Mettant en exergue les avancées considérables en matière de recherche scientifique en neurosciences, il a estimé que «le vrai challenge actuellement est de trouver de nouveaux médicaments et traitements, en renforçant une recherche commune très fondamentale des biochimistes, des biologistes cliniciens et autres». «Ce challenge est possible avec l'existence d'excellents chercheurs en Algérie et des formes de maladies spécifiques à ce pays et les Français ont beaucoup à apprendre», a-t-il affirmé citant, à titre d'exemple, les formes particulières de la maladie de Parkinson, où des mutations génétiques ont été observées chez 32 % des parkinsoniens en Algérie, uniquement 2 % chez les parkinsoniens en France. «En retour, nous nous connaissons parfaitement en fait les méthodologies qu'il faut mettre en place pour comprendre comment ces mutations jouent un rôle dans la dégénérescence des neurones», a-t-il déclaré, ajoutant que ce genre de partenariat est «efficace et gagnant-gagnant». Le programme de cette rencontre d'une journée comporte une série de communications abordant le paysage de la recherche en neurosciences, la recherche et la recherche et le diagnostic des maladies neurodégénératives et psychiatriques et un état des lieux de ces recherches et diagnostics.