Mounir A.Y. Sur les 5 à 6 millions de sujets atteints d'hypertension artérielle (HTA), seuls 800.000 reçoivent des soins réguliers. C'est ce qu'a révélé, jeudi à Alger, le Pr Mansour Brouri, chef de service de médecine interne à l'hôpital Birtraria lors d'une rencontre organisée à l'occasion de la Journée mondiale de l'hypertension artérielle. Se référant à des études réalisées à l'échelle nationale, ce dernier a indiqué, en outre, que les personnes atteintes d'HTA représentent 26 à 35% de la population globale et l'a qualifiée de «maladie muette car le patient ne sait pas qu'il est hypertendu même s'il en ressent les symptômes». Le professeur a expliqué que «l'hypertension artérielle entraîne d'autres affections et complications plus graves si elle est accompagnée, par exemple, de diabète et d'obésité. Ces complications, selon lui, peuvent conduire à l'infarctus du myocarde, l'accident vasculaire cérébral et l'insuffisance rénale». En guise de prévention, l'orateur, toute en rappelant que la prise en charge d'un hypertendu est lourde et coûteuse, a recommandé la prise en charge des diabétiques dont 70% souffrent d'hypertension artérielle. Selon lui, l'hypertension artérielle est la troisième cause de mortalité en Algérie et dans le monde (30% des décès) après la malnutrition et le tabagisme. Le Pr. Brouri a insisté sur la bonne prescription médicale pour protéger le malade des effets secondaires de certains médicaments, d'une part, et pour alléger les coûts de la sécurité sociale, de l'autre. Il a souligné, dans ce contexte, que les pouvoirs publics ont mis en place une série de programmes de prévention depuis 2003, certains ont été appliqués alors que d'autres sont en voie d'exécution. Pour sa part, le président de l'association des hypertendus, Kheireddine Mokhbi, a rappelé les chiffres alarmants de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la propagation de cette maladie qui a atteint un milliard de personnes dans le monde, un chiffre qui atteindra 1,56 milliard en 2025. Toutefois, l'intervenant a déploré le fait que les médicaments de l'hypertension soient remboursés à 80% seulement par la CNAS au lieu de 100%, sachant qu'elle est répertoriée comme maladie chronique. La région sud très touchée Par ailleurs, lors d'une rencontre organisée à Ghardaïa, consacrée au même thème, les spécialistes qui sont intervenus sur la question de la HTA, ont été unanimes à avancer que dans les régions du sud du pays, cette pathologie est en perpétuelle croissance. C'est ce qu'a déclaré le Professeur Mohamed Temmar, vice-président de la Société algérienne de l'hypertension artérielle (SAHA) qui a précisé que «l'hypertension artérielle touche un sujet sur deux dans le sud algérien et est devenue un problème majeur de la santé publique dans notre pays». Et d'ajouter: «pratiquement, un sujet sur deux des personnes âgées de 40 ans et 70% des personnes âgées de plus de 47 ans souffrent de cette pathologie», soutenant par là que «toutes les études épidémiologiques, effectuées sur les facteurs de risque cardio-vasculaires, s'accordent à dire que l'hypertension artérielle est très présente en Algérie». Le praticien a estimé que cette prévalence, selon des études effectuées par la Société Algérienne de l'Hypertension Artérielle, semble être liée à «une mauvaise acceptation de l'espèce humaine aux modifications environnementales, au stress et aux habitudes alimentaires, ajouté à un fort taux de consanguinité dans les régions du sud du pays». Pour le Pr. Temmar, cette maladie, touchant notamment les populations du sud Algérien, est la «conséquence d'une vie sédentaire, d'un régime alimentaire pléthorique et d'un dépistage très souvent tardif ou encore d'un contrôle de tension non fiable, qui peuvent engendrer des complications cardiovasculaires». M.A.Y.