Le «tout-papier», encore en vigueur dans le traitement des opérations d'importation et d'exportation au niveau des ports, en plus de contribuer à des lenteurs administratives est également source de beaucoup d'opérations frauduleuses. Ainsi, selon des experts, le délai de traitement des frets au débarquement où à l'embarquement est 4 à 5 fois plus long au niveau des ports algériens en comparaison avec nos voisins méditerranéens et les frais sont, autant de fois, plus chers. Ailleurs, et même chez nos voisins de l'Est et de l'Ouest ou en Egypte, le traitement des débarquements est totalement informatisé, à l'instar de ce qui se pratique partout dans les ports mondiaux. Ils enregistrent ainsi un gain de temps sur les démarches de déclaration en douane et d'enlèvement et, par là-même, endiguent fortement les tentatives de falsification de documents. Tout le monde se rappelle l'affaire de l'agence BDL (Banque de développement local) de Bir El Atter en 2001, qui avait alors défrayé la chronique et où l'équivalent de 1.000 milliards de centimes en devises avaient été transférés à l'étranger grâce à des D10 falsifiés. Cette affaire a mis au grand jour les failles de la gestion manuelle des documents douaniers. Les résistances à la numérisation des activités portuaires notamment les traitements de dédouanement placent les ports algériens dans une situation peu enviable. Le rapport 2014 de la Banque mondiale «Connecting to Compete 2014: Trade Logistics in the Global Economy», rendu public le 20 mars, classe l'Algérie la 123eme position pour les expéditions internationales, à 121é position pour la qualité des infrastructures et à la 93e position pour le rendement des services douaniers, sur 160 pays notés. L'Algérie possède pourtant un potentiel inestimable avec 1200 km de côtes, onze ports commerciaux, une activité économique en progression constante et un regain des échanges commerciaux avec l'étranger. A cause de nombreuses failles dans les dispositifs de contrôle, ces activités de commerce extérieur ont profité, dans une large mesure, à des trafiquants de tous bords. Les pouvoirs publics semblent décidés à mettre le holà! C'est dans cet esprit, que l'Association des banques et des établissements financiers (ABEF) et la Direction générale des Douanes ont signé hier un accord portant sur l'échange d'informations sur les opérations du commerce extérieur, qui va marquer le lancement du nouveau système. Cet outil permettra d'apurer les opérations du commerce extérieur en s'attaquant cette fois aux importations fictives. Avec ce nouveau système d'informations les documents douaniers, notamment le fameux D10 attestant l'arrivée de la marchandise, sa valeur ainsi que les tarifs douaniers appliqués à l'importation, seront partagés en délais réels entre les douanes et les banques. Les autorités financières veulent en effet mettre fin à la gestion manuelle des documents douaniers servant à l'apurement des importations. La falsification du D10, copie banque, a en effet permis à des importateurs véreux de transférer d'importantes sommes en devises vers l'étranger pour des opérations d'importation fictives qui n'ont jamais eu lieu.