Le barrage vert- principal rempart contre l'avancée du désert- sera renforcé. Cette annonce a été faite hier par le ministre de l'Agriculture et du développement rural, Rachid Benaissa, lors d'une conférence de presse tenue au siège du ministère. Près de 100.000 ha vont s'ajouter au 300.000 ha déjà existants. Les arbres qui constitueront ce tapis végétal seront plantés entre 2010 et 2014. C'est sous l'ère du défunt président Houari Boumediene, plus exactement en 1969, que le barrage vert a été initié pour lutter contre la désertification galopante. La menace est toujours d'actualité. L'Algérie a perdu 70.000 ha ces treize dernières années. Ces derniers s'ajoutent aux millions d'hectares déjà engloutis par les sables. Une étude réalisée par le ministère de l'Agriculture et l'Agence spatiale algérienne (ASAL) a permis d'avoir une idée précise sur l'avancée du désert. Une carte dite de sensibilité à la désertification a été élaborée. Elle a concerné les 12 wilayas les plus touchées, celles dont la superficie s'étend sur 27 millions d'ha. L'étude a démontré que 45,3% de cette surface est sensible à la désertification. Le ministre a tenu à signaler que ce phénomène ne concerne pas uniquement les wilayas qui ont fait l'objet d'une étude, mais tous le Nord du pays. «Nous avons constaté des poches même dans le Nord. Elles sont provoquées par des actions irrationnelles de l'homme ou par le climat. La désertification n'est pas une ligne qui avance », a-t-il noté. Il a révélé qu'il y a deux projets pour apporter des changements au code pastoral et à la Loi sur les forêts. Ceci pour affiner la lutte contre la désertification. Il a souligné que l'implication des différents acteurs, institutions, professionnels et société civile est plus que nécessaire pour une meilleure efficacité des programmes de lutte. «C'est une menace plurielle qui nécessite une réponse plurielle », a-t-il dit. Il a relevé qu'il y a une prise de conscience auprès des professionnels tels que les éleveurs. Ces derniers acceptent sans rechigner les mises en défens des terrains et pâturages en montagne qui ont subis des dégradations. Il a annoncé que le ministère prévoit un programme pour l'amélioration de l'alimentation animale -en encourageant les agriculteurs- à se lancer massivement dans la culture de l'orge afin de préserver les terres agro-pastorales. Il a précisé que sur les 60 milliards DA/an qui seront affectés au programme de renouveau rural, 10 milliards DA seront consacrés à la lutte contre la désertification. Chaque commune aura son propre plan d'actions qui sera mené à travers les projets de proximité de développement rural intégré et les programmes sectoriels décentralisés. L'Algérie présidera pour un mandat de deux ans le Comité africain pour la lutte contre la désertification. Elle compte également s'inspirer des expériences des autres pays concernés pour renforcer sa stratégie. Le changement climatique qui guette la planète entière ne fera qu'aggraver l'avancée du désert, a averti M.Benaissa.