Le crédit au logement continue de doper les dépenses des ménages en Algérie, avec des répercussions directes sur la consommation. Conséquence des différents programmes de logements lancés depuis une dizaine d'années, les ménages algériens finissent aujourd'hui par consacrer près de 20,4% de leurs dépenses pour le logement et ses charges. Ce chiffre représente la moitié des bourses réservées aux besoins alimentaires. En somme, plus des deux tiers des revenus des Algériens sont dépensés en nourriture et en logement, ce qui laisse une maigre marge pour les besoins de transports, de communication, d'habillement, études ou encore loisirs et vacances. Pour satisfaire ces besoins, la famille algérienne a recours à des ressources financières nouvelles et complémentaires, comme le commerce parallèle ou le cumul d'emplois. Avant l'amendement de l'article 75 de la LFC 2009 qui a annulé le crédit à la consommation, les Algériens avaient amorcé un profond changement dans les habitudes de consommation et de dépenses, avec un afflux jamais égalé par le passé sur l'automobile. A présent, malgré la surpression de ce type de crédit, le modèle incarné continue de marquer les ménages. En effet, le mode de consommation et les habitudes ont radicalement changé aujourd'hui à la faveur de nouveaux instruments de financement des achats (banques, facilités de paiement...) et l'arrivée aussi de nouveaux produits (biens et services) à l'ère des nouvelles technologies d'information et de communication. L'automobile et l'outil informatique (lap-tops, tablette et Smartphones) sont devenus des outils de socialisation que doit posséder chaque famille. La lecture des résultats d'une enquête de l'Office national des statistiques (ONS) nous emmène dans un vrai dédale à la recherche de la famille algérienne moyenne, dont le mode de consommation a été radicalement transformé, avec un pouvoir d'achat de plus en plus érodé par l'inflation. Selon cette enquête, les citadins dépensent plus que les ruraux. Cependant, la part du logement et des dépenses alimentaires restent dans les mêmes proportions. Et si les chiffres en milieu rural sont plus faibles, ceci ne traduit en rien une grande différence dans le mode de consommation, mais plutôt un faible coût comme pour les produits agricoles qui sont moins cher en milieu rural, ainsi que les prix des habitations (location ou propriété) et le foncier. Selon l'enquête décennale sur les dépenses de consommation et le niveau de vie des ménages de 2011, dont les premiers résultats ont été publiés en novembre 2013, les habitants d'immeubles et de villas en Algérie dépensent mensuellement 65.000 DA en moyenne, soit plus de 19% que la moyenne nationale estimée à 59.716 DA. «Globalement, les habitants d'immeubles et de villas dépensent 65.000 DA en moyenne, soit plus de 19% que la moyenne nationale», a indiqué le directeur technique chargé des statistiques sociales et des revenus à l'Office, Youcef Bazizi, qui a supervisé cette enquête, cité par l'APS. Les dépenses «les plus élevées» sont réalisées par la catégorie des ménages propriétaires de villas avec une moyenne mensuelle de 68.091 DA, suivie par celle des accédants à la propriété avec une moyenne mensuelle estimée à 67.234 DA au niveau national. «Cette dépense des accédants à la propriété, qui reste importante par rapport à la moyenne nationale, s'explique essentiellement par les crédits que ces ménages doivent rembourser en vue d'accéder à leur propriété, alors que la première catégorie de la population su-citée semble être la plus aisée de la société», a-t-il précisé. Les locataires, quant à eux, dépensent mensuellement en moyenne 49.000 DA, avec 50.173 DA pour les locataires chez le privé et 48.199 DA pour ceux qui louent chez le public, alors que les logés gratuitement (ceux qui occupent des logements de fonction) déboursent, quant à eux, 54.124 DA par mois, révèlent les résultats détaillés de l'enquête qui vient d'être publiées. Les logés dans des maisons traditionnelles (Haouch) dépensent mensuellement en moyenne 51.755 DA, alors que ceux qui habitent des constructions précaires leurs dépenses mensuelles baissent à 43,471 DA, relève l'enquête de l'ONS. La dépense la plus faible est enregistrée par la catégorie des ménages locataires chez le privé dans des maisons traditionnelles avec seulement 40.976 DA en moyenne, inférieure de 32% à la dépense mensuelle de l'ensemble des ménages, précise encore le même responsable. Les citadins dépensent plus que les ruraux Selon l'ONS, les habitants en milieu urbain dépensent mensuellement 62.215 DA en moyenne, alors que ceux du milieu rural ne déboursent que 54.334 DA. Autrement dit, les citadins dépensent plus que les ruraux par rapport à la dépense moyenne nationale des ménages (59.716DA). Par ailleurs, l'enquête précise que la dépense mensuelle moyenne des ménages croît avec le nombre d'occupés dans le ménage. Elle passe de 47.453 DA pour les ménages sans aucun occupé (sans salariés) à 75.783DA quant le ménage comporte trois (3) salariés ou plus. S'agissant de la dépense mensuelle par taille du ménage, l'enquête relève que plus la taille du ménage est élevée, plus la dépense de celui-ci est grande. Elle passe de 40.795 DA chez les ménages de très petite taille (1 à 2 personnes) à 78.101 DA chez les familles de neuf (9) personnes et plus. La dépense rurale est toujours inférieure à la dépense urbaine quelque soit la taille du ménage. Les ménages de cinq (5) personnes et plus dans l'urbain déboursent 60.851 DA, une dépense supérieure à la dépense mensuelle moyenne au niveau national. En revanche, ce niveau de dépense n'est enregistré que par les ménages de très grande taille (7 personnes et plus) dans le rural avec 59.553DA. 42% des dépenses destinées aux besoins alimentaires Les ménages algériens consacrent près de 42% de leurs dépenses aux besoins alimentaires, 20,4% pour le logement et charges, 12% pour les frais de transport et communications et 8% pour l'habillement et chaussures de la dépense annuelle globale des ménages. Globalement, la dépense des ménages algériens a presque triplé durant la décennie (2000-2011) au niveau national, passant de 1.531,4 milliards (mds) de DA à en 2000 à 4.489,5 mds de DA en 2011. La part de la dépense en milieu urbain a augmenté de 6,1 points passant de 65% en 2000 à 71,1% en 2011. L'urbanisation croissante de la population dont le taux est passé de 58,3 à 66,3% explique cet état de fait. Dans le milieu rural, les dépenses globales annuelles des ménages algériens sont passées de 535,8 mds de DA en 2000 à 1.295,4 mds de DA en 2011, en hausse de près de 29%. L'enquête, qui a concerné 900 produits que compte la nomenclature des biens et services, a duré une année entière sur le terrain pour prendre en charge les effets de la saisonnalité de la consommation, et a porté sur un échantillon de 12.150 ménages. Les enquêtes sur les dépenses de consommation des ménages sont menées chaque 10 ans. Depuis l'indépendance à ce jour, cinq enquêtes ont été réalisées. Cependant, cette enquête se distingue par des mutations profondes du paysage économique et social de l'Algérie durant la dernière décennie, qui a été caractérisée notamment par la libération des prix et l'ouverture du commerce extérieur.