Dans un message télévisé retransmis hier en direct, le roi d'Espagne Juan Carlos a annoncé son abdication en faveur de son fils, le prince Felipe, afin d'impulser le «renouveau» de la monarchie. Dans un message télévisé retransmis hier en direct, le roi d'Espagne Juan Carlos a annoncé son abdication en faveur de son fils, le prince Felipe, afin d'impulser le «renouveau» de la monarchie. Evoquant la soif «en nous d'un élan de renouveau, de dépassement, de correction des erreurs», le monarque, âgé de 76 ans, a déclaré que son fils «a la maturité, la préparation et le sens de la responsabilité nécessaires pour prendre avec toutes les garanties la tête de l'Etat et ouvrir une nouvelle étape d'espoir où seront alliées l'expérience acquise et l'impulsion d'une nouvelle génération». Juan Carlos, monté sur le trône à la mort de Francisco Franco en novembre 1975, a construit sa popularité en menant la transition de l'Espagne vers la démocratie, avant de connaître une fin de règne marquée par des ennuis de santé et des scandales que le peuple veut bien oublier puisqu'il lui reconnait la démocratie. Quelques heures avant le message de Juan Carlos, le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, avait annoncé que le Roi s'adresserait au peuple dans la matinée d'hier. «Sa Majesté le roi Juan Carlos vient de m'informer de sa volonté de renoncer au trône», avait déclaré auparavant le président du gouvernement. «Je suis convaincu que c'est le meilleur moment pour un changement», avait-il ajouté. Un amendement à la Constitution sera nécessaire pour permettre cette abdication. Agé de 76 ans, le monarque, couronné en novembre 1975, a longtemps bénéficié d'une très forte popularité pour son rôle dans la transition démocratique après la mort de Francisco Franco et la tentative de coup d'Etat d'officiers de l'armée en février 1981.»La couronne, symbole de la permanence et l'unité de la patrie, ne peut tolérer aucun acte, aucune attitude de la part de personnes qui entendent interrompre par la force le processus démocratique», avait-il alors déclaré dans un discours à la nation. Mais son aura a pâli ces dernières années des scandales et affaires de corruption impliquant la famille royale. Sa fille, l'infante Cristina, a été inculpée au début de l'année pour fraude fiscale et blanchiment d'argent, et son gendre, Inaki Urdangarin, est poursuivi pour des faits présumés de détournement de fonds publics. La justice lui reproche d'avoir détourné 6 millions d'euros par le biais de sa fondation. L'image personnelle du roi a en outre été sérieusement écornée par sa participation à un safari au Botswana en avril 2012. Ce voyage onéreux en pleine période de crise économique en Espagne n'avait été rendu public qu'en raison d'une chute du monarque, qui s'est alors fracturé une hanche. Juan Carlos souffre enfin de problèmes de santé, qui le contraignent à se déplacer à l'aide de béquilles, et il a subi cinq opérations en deux ans. D'après un sondage publié au début de l'année par le quotidien El Mundo, près de deux Espagnols sur trois (62%) se déclaraient favorables à son abdication, contre 45% un an plus tôt. Mais le monarque, dans son message du 24 décembre, avait une nouvelle fois exclu de renoncer à sa charge. Il avait alors souligné sa volonté de poursuivre «l'exercice fidèle du mandat et des pouvoirs» que lui confère la Constitution. Mariano Rajoy a précisé que le roi d'Espagne, dont la santé a décliné ces derniers temps, avait choisi d'abdiquer pour des «raisons personnelles».