Les spécialistes estiment que les chaînes de télévision privées en Algérie sont encore au stade du «balbutiement», d'où la nécessité d'assurer un travail de formation et de professionnalisation des journalistes pour répondre aux attentes du public algérien. «L'Algérie a connu une ouverture du champ audiovisuel prometteuse, mais elle est au stade du balbutiement, en raison notamment du problème de formation, de professionnalisation des journalistes et du manque de tradition de production», a indiqué Nabila Bouchaala, maître de conférence à l'Ecole supérieure de journalisme et des sciences de l'information, lors d'une journée d'étude sur la réception des chaînes privées dans la société algérienne. Elle a ajouté que ces chaînes étaient loin de répondre aux nombreuses attentes du téléspectateur algérien, dans un environnement médiatique concurrentiel «très rude», même si ces chaînes, a-t-elle précisé, sont «très suivies» par le public algérien, qui est «loin d'être passif». Mme Bouchaala a relevé que, selon une étude menée par des étudiants de l'Ecole supérieur de journalisme, les Algériens suivaient de «très près» et «assidûment» les programmes de ces chaînes, mais le public n'était «pas satisfait» et «attend une meilleure» qualité des programmes. Elle a estimé, par ailleurs, que l'Algérie n'avait pas de base structurelle afin d'assurer une production audiovisuelle de qualité. De son côté, le directeur général de la chaîne privée El Djazairia, Ryad Rejdal, a indiqué que l'ouverture du champ audiovisuel s'était faite de manière approximative, relevant «l'anarchie» régnant dans ce secteur. «C'est la médiocrité qui règne dans le champ audiovisuel, y compris dans ma propre chaîne de télévision. Je suis déçu, mais c'est la réalité», a déploré M. Rejdal. Pour sa part, le directeur général de la chaîne KBC (El Khabar Tv), Ali Djerri, a indiqué que l'environnement n'était pas favorable pour que les chaînes privées puissent réaliser une production de qualité, en raison des contraintes notamment techniques, financières et professionnelles. «Pour nous, c'est déjà un acquis, mais il faudrait aller vers un vrai travail et une production de qualité qui réponde aux nombreuses attentes du public algérien», a-t-il soutenu.