Deux années après la mise en œuvre de l'Accord de Libre-échange d'Agadir, les représentants des pays signataires de l'Accord de libre-échange (ALE) d'Agadir (Maroc, Tunisie, Jordanie et Egypte) ont fait part de leur déception. L'Algérie qui avait refusé catégorique-ment d'adhérer à l'Accord d'Agadir en lui préférant une intégration horizontale par le biais de l'union du Maghreb Arabe (UMA), avait raison. Un échec cuisant même si les pays membres annoncent à contrario une augmentation de 45% de leurs échanges commerciaux dans le cadre de ce même Accord. Lors de leur dernier conclave, organisé jeudi dernier, les pays membres avouent que ce dernier «n'a jamais marché comme il devait et ce, depuis ses débuts», soulignant que les accords régionaux Sud-Sud ont connu moins de succès que ceux passés avec les pays du Nord.Initialement, les pays membres voyaient une nouvelle opportunité d'accéder à un marché unifié de 122 millions de personnes. Le revenu par tête étant estimé à 2.500 dollars, l'autre avantage supplémentaire de cet Accord était la possibilité de stimuler les exportations vers les marchés européens par l'adoption des pays signataires des règles d'origine de l'UE. Que nenni !Pour rappel, l'Accord de libre-échange (ALE) d'Agadir regroupe la Tunisie, le Maroc, l'Egypte et la Jordanie. Il est entré en vigueur en juillet 2007. Il se veut comme une étape transitoire vers un partenariat élargi aux pays de l'UE, sous l'égide d'une Union de la Méditerranée (UPM), si chère au président Nicolas Sarkozy. Lors de cette rencontre des pays de l'Accord d'Agadir, organisée par la Chambre de commerce, d'industrie et de services (CCIS-Fès) en partenariat avec le ministère du Commerce extérieur, les pays membres ont inscrit comme objectif de faciliter l'intégration des pays de la rive Sud de la Méditerranée dans la sphère de la politique européenne. En effet, les ambitions initiales de l'Accord étaient grandioses. Il faut souligner aussi que les pays signataires de l'accord ont bien perdu des parts très importantes du marché européen. En tout cas, au départ, cet Accord avait envoyé des signaux positifs aux investisseurs locaux et internationaux. D'après El Haj Driss Belkhayat, président de la CGEM locale. «l'un des points essentiels de cet Accord était de sauver l'activité industrielle ainsi que le développement de la coopération entre les entreprises sud-méditerranéennes». Ceci dans l'optique de faire face à la concurrence asiatique, notamment de la Chine, de l'Inde, du Bengladesh et autres ». Quant à Fouad Zine Filali, président de la Chambre du commerce marocaine de Fès-Boulemane (CCIS), il a déclaré que la consolidation de la coopération économique entre les pays membres de l'Accord d'Agadir n'a pas aboutie comme prévu. «On espérait aussi accroître les exportations vers l'Europe et attirer les investisseurs européens». Cependant, les investissements directs étrangers (IDE) européens destinés au Sud de la Méditerranée représentent environ 2% du total. Cet échec cuisant malgré que l'UE, l'un des parrains de cet Accord, soit intervenue en 2006 pour faire avancer les choses, poursuit-il. Et de se rappeler : «elle a appelé à stimuler la mise en œuvre de l'Accord par la création de comités d'experts en vue de trouver des solutions aux problèmes techniques en suspens». Le directeur du Centre marocain islamique pour le commerce et le développement- s'est demandé pourquoi les accords Sud-Sud échouent- alors que des accords similaires passés avec le Nord donnent de bien meilleurs résultats. «Le problème tient à la volonté politique. Lorsqu'une décision politique est prise en faveur du libre-échange, les autorités douanières, administratives ou techniques s'attachent à supprimer les barrières commerciales. En revanche, lorsque la volonté politique fait défaut, les autorités administratives vont même jusqu'à créer de nombreux obstacles au libre-échange», explique-t-on. In fine, les pays membres de l'Accord d'Agadir souhaitent de redynamiser les échanges commerciaux, développer le tissu industriel, soutenir l'activité économique et l'emploi, augmenter la productivité et améliorer le niveau de vie. Chose qui n'est pas une sinécure, vu l'échec cuisant de l'Accord après plus de deux années de sa mise en place et l'isolement géographique des pays membres à cause du refus d'adhésion de l'Algérie.