La ratification de l'accord d'association a été un exercice difficile pour le gouvernement algérien qui a principalement misé sur l'ancrage politique à l'UE, plutôt que le libre-échange. Aujourd'hui, la donne a changé. Quatre années après sa signature, l'accord d'association fait débat. Aussi incroyable que cela puisse paraître, c'est le gouvernement algérien lui-même qui, les dernières semaines, avait dénoncé le caractère “déséquilibré” de la balance commerciale hors hydrocarbures en faveur de l'Union européenne. Alors qu'il n'a pas cessé de critiquer la position du patronat algérien, notamment le forum des chefs d'entreprise, qui a dénoncé “le déséquilibre”, avec des exemples concrets, le lendemain de la signature de l'accord, bien avant sa mise œuvre en septembre 2005. “Pour 1 dollar exporté vers l'UE, l'Algérie importe pour 20 dollars”, avait indiqué Cherif Zaâf. Alors que les exportations algériennes hors hydrocarbures vers les pays de l'UE sont jugées “marginales”. Le gouvernement algérien reproche aux Européens de mettre des barrières non tarifaires, des normes qui empêchent les produits algériens d'accéder au marché européen. Les contingents tarifaires, accordés par l'Algérie à l'UE dans le cadre de l'accord d'association, avait indiqué M. Zaâf, “ont été consommés totalement par les pays de l'UE et, à l'inverse, l'Algérie n'a consommé que 6 sur les 41 octroyés par l'UE à des taux très faibles qui ne dépassent pas les 10%”. L'Algérie regrette aussi la très faible présence des investisseurs européens en Algérie. Du côté européen, on s'étonne de la réaction algérienne, venant surtout du gouvernement, qualifiant “la perception de l'Algérie de l'Union européenne d'injuste”. Certains responsables de la Commission européenne soutiennent que l'Algérie est le pays qui a négocié le mieux son accord, bénéficiant des expériences du Maroc et de la Tunisie. Contrairement au constat fait par le gouvernement algérien, les représentants de l'UE affirment qu'un an après la mise en œuvre de l'accord d'association, les exportations algériennes vers l'UE ont doublé. Si aujourd'hui les entreprises algériennes n'arrivent pas à placer leurs produits sur le marché européen, c'est parce que ces produits ne répondent pas aux normes européennes. Les Européens affirment que depuis son entrée en vigueur, 21 réunions de groupes de travail sectoriels ont été organisées. “On se réunit deux fois par an à haut niveau dans le cadre du conseil d'association”, souligne-t-on. Les responsables de l'UE indiquent que la commission est prête “à aider les entreprises algériennes à se mettre aux normes européennes”. Par ailleurs, ces responsables ajoutent que l'accord d'association ne se résume pas au volet commercial, indiquant avoir financé plus de 300 organisations non gouvernementales algériennes. Les représentants de l'UE soulignent le souhait de la commission “d'approfondir ses relations avec l'Algérie, de construire un partenariat solide et une confiance mutuelle”. Pour rappel, l'Algérie et la Commission européenne ont signé, en septembre 2008, un document technique, “une feuille de route”, dans le cadre de la mise en œuvre de l'accord d'association. Ce n'est pas un plan d'action tel que prévu par la politique européenne de voisinage. L'Algérie refuse, du moins actuellement, d'adhérer à la politique de voisinage. Les deux parties ont, en fait, identifié des actions jugées prioritaires : l'énergie, la réforme économique, l'immigration et la circulation des personnes, et la lutte contre le terrorisme.