Depuis plus d'un mois, le prix du sucre sur le marché algérien -a connu une augmentation de 10 Da le kilo- et ce, aussi bien en gros que chez l'épicier. En une année, chez le grossiste, le prix du sac de sucre de 50 kilos est passé de 2.300 à 4.000 DA, soit 80 DA. Avec ces niveaux, on assiste à de nouveaux records historiques. Illustrations : 760 dollars la tonne à Londres, et 29,82 dollars la livre à New York, soit une hausse de plus de 150%. Du jamais vu depuis 30 ans, selon certains spécialistes. Le motif ? Les spécialistes l'expliquent par le fait que le marché du sucre vit un déséquilibre difficilement soutenable, compte-tenu d'un déficit évalué à 13,5 millions de tonnes cette saison. «Face à l'effondrement de l'offre, la demande en hausse n'est plus satisfaite», un rappel douloureux, signalent les prévisionnistes. En effet, en plus de pressions communes à l'ensemble des matières premières -regain de craintes économiques et renforcement du dollar- le marché du sucre a subi l'impact d'une annonce de Bruxelles, qui va autoriser le secteur européen du sucre à exporter d'ici juillet 500.000 tonnes supplémentaires, en raison d'une «situation exceptionnelle» de pénurie et de cours élevés sur le marché mondial. «Bien que ce chiffre soit sans commune mesure avec la quantité de sucre qu'il faudrait pour combler le déficit mondial, l'annonce de l'Union-européenne a exercé une modeste pression sur les cours», estime Sudakshina Unnikrishnan, analyste chez Barclays Capital. Malgré le repli des dernières séances, les prix risquent de continuer à grimper, sachant que la production indienne ne cesse d'être révisée à la baisse, juge-t-il plus loin. Cependant, les répercussions d'une telle situation sur le marché algérien n'ont pas tardé à se manifester. Et le scénario des années 2006 e 2008 risque de se reproduire. En effet, dans le cas de l'Algérie, la situation n'est pas brillante non plus. Si le sucre ne manque pas à présent sur les étagères, ses différents prix ont connu une courbe ascendante. En Algérie, cette flambée s'inscrit dans le sillage de la hausse généralisée des prix qu'a connue notre pays depuis l'année 2009. L'Algérie qui est importatrice de plusieurs produits de base, à l'instar du café, du lait en poudre ainsi que des céréales, ne peut échapper, aux yeux des analystes, aux diverses fluctuations des marchés mondiaux. D'autant qu'en important ce genre de produits, on connaîtra, à coup sûr, une certaine poussée inflationniste. Durant l'exercice écoulé, le rythme d'inflation moyen en Algérie a atteint 5,7%, contre 4,4% en 2008, révèle l'Office national des statistiques (ONS). L'Algérie s'approvisionne en sucre roux à partir du Brésil, Cuba, Thaïlande, Union-européenne. La production actuelle du sucre est estimée à 950.000 tonnes par an destinés au marché local -qui reste insuffisante- pour répondre aux besoins qui sont de l'ordre de 1million de tonnes par an. Qu'est-ce qui pousse autant le prix du sucre à la hausse ? D'abord, la production de sucre indienne tant attendue est en fort repli. Or l'an dernier déjà, elle avait chuté de 20% pour cause de sécheresse. Après la mousson qui n'en finissait pas de ne pas arriver sur l'Inde, abîmant fortement les cultures du fait de l'extrême sécheresse, c'est aujourd'hui la pluie qui menace la récolte. Impossible de récolter le sucre dans de bonnes conditions ; une nouvelle baisse des rendements se profile à l'horizon. Il pleut donc sans répit et la récolte prend du retard. Toute la saison a été marquée par une humidité hors du commun. L'Organisation internationale du sucre vient de revoir encore à la baisse de 3,3% la production brésilienne de sucre par rapport aux estimations de fin septembre ; production qui n'est plus attendue qu'à 28/29 millions de tonnes contre 32 millions en juillet. Par ailleurs, l'Europe abandonne son système de soutien à ses producteurs de sucre avec le programme de gel progressif des subventions qui se poursuivra jusqu'en 2015, date à laquelle le marché sera théoriquement dérégulé. Du coup, d'exportateur net, l'Europe est devenue elle aussi importatrice nette au grand bonheur des pays en voie de développement qui peuvent exporter vers l'Europe. Pour la consommation nationale, de réelles perspectives sont annoncées par le groupe privé Cevital, dont le patron a affirmé que son groupe parviendra à faire de l'Europe son premier client dès le début de l'année 2010 et compte y écouler une bonne partie de sa production de sucre. Issad Rebrab avait précisé que le taux de production de sucre atteindra, au début 2010, les 1.8 million de tonnes, soit trois fois plus que la demande locale.