Chaque année la même rengaine revient avec sa cohorte de spéculations. C'est demain le mois de Ramadhan. Les spéculateurs et la nuée d'intermédiaires affûtent leurs couteaux pour mieux lacérer et le citoyen-consommateur et sa bourse qui s'amenuise de plus en plus. L'ONS (Office national des statistiques) a constaté une augmentation substantielle des prix des produits de large consommation, avec 9,2% pour les produits alimentaires, 14,5% pour les produits alimentaires industriels et 4,5% pour les produits agricoles frais. Ces données se confirment par une offensive qui prend, d'ores et déjà, forme dans l'approvisionnement, argument «avancé» par certains pour tenter d'expliquer les hausses actuelles et à venir, pour ce qui est de la farine, en fardeau de 6 sachets d'un kilo et demi ou en sacs de 50 kg. Les diverses huiles de consommation connaîtraient également la même hausse, hormis le sucre qui s'est quelque peu stabilisé à 60/65 DA/kg. Le sac de 50 kg de farine est cédé en gros à 1000 DA et revendu par le semi-grossiste avec une marge maximale de 3%, soit 1030 DA alors que le fardeau de 9 kg est cédé à 410 et 430 DA selon la marque nous a déclaré un semi-grossiste du «Lotissement Michel». La courbe des prix est certes ascendante, mais elle l'est depuis plus de 2 mois, ont assuré à L'Expression, d'autres demi-grossistes de certains quartiers de la capitale comme ceux proches de Kouba, d'appellation ancienne comme «Jolie Vue», «Appreval» ou «Lotissement Michel». Le renchérissement des produits céréaliers a fait que leur prix de détail à la consommation a progressé de 22,2%, au deuxième trimestre 2008, en variation annuelle. Les semi-grossistes approchés par L'Expression ont cité les exemples de l'huile en bidon de 5 litres dont le prix oscille entre 675 et 800 DA pour la qualité supérieure. Celui-ci est cédé à 1000 DA au détail. Le prix de l'huile de qualité moindre, (Helio, Frigor ou Safia) varie, quant à lui, entre 420 et 680 DA. Cependant, un autre demi-grossiste a assuré à notre journal que «les prix d'usine n'ont pas changé mais l'on assiste à une raréfaction des produits, qui ne dit pas son nom». Elle serait due, selon lui, à un mouvement spéculatif mais aussi à un accroissement de la demande en cette veille de Ramadhan. Durant ce mois, les détaillants font le plein de leurs échoppes pour répondre à l'effervescence qui s'est emparée (déjà) des consommateurs. Le même grossiste estime qu'auparavant «la seule marque Sim suffisait pour approvisionner tout le marché national à travers une dizaine de filiales disséminées dans le pays». Les stocks locaux étaient renouvellés en permanence dans toutes les villes à partir des dépositaires de l'entreprise. Aujourd'hui, déplore-t-il, les nombreuses marques installées (Erriadh, Sousimi, Hidab...), peinent à bien alimenter le marché national. Un autre champ d'approvisionnement concerne le marché des boissons qui a pris des allures de «hit» insoupçonnées. Là encore, un demi-grossiste d'Appreval se défend mordicus de ne gagner «à peine que 2 à 3 DA sur un fardeau de 6 bouteilles d'un litre et demi chacune, soit 9 litres d'eau minérale», lequel fardeau est vendu à son tour par le détaillant à 25 DA l'unité de 1,5 litre! Sarcastique, il nous demandera de faire le compte tout en soulignant que le mal est ailleurs et non chez le grossiste. Toujours est-il que l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) n'a de cesse de répéter et de recommander aux commerçants de l'alimentation générale de «ne pas augmenter les prix, ni fermer boutique pour mieux répondre à l'attente des Algériens et ne pas profiter de ce mois de piété pour pratiquer des prix prohibitifs». Il est, par ailleurs, regrettable que l'action de la Commission nationale des marchés de gros des légumes et fruits ainsi que celle du Comité national des viandes, installées l'an dernier, n'aient apporté aucun des résultats escomptés en cette période de pré-Ramadhan et, attendus pendant le mois de jeûne.