Docteur Abderrahmane MEBTOUL, Expert international, conseiller et directeur d'Etudes des Ministères Industries Energie (1974/1980- 1990/1995- 2000/2006) Face aux nouvelles mutations gazières qui se dessinent à l'horizon 2015/2020, la nouvelle donne du gaz non conventionnel qui devra être impérativement discutée lors de la réunion du GNL16 à Oran (du 18/21 avril 2010), se pose le problème de la faisabilité d'une telle décision devant répondre à douze(12) questions stratégiques». En effet, de plus en plus d'experts nationaux et étrangers estiment que l'Algérie se doit de revoir sa stratégie énergétique. Les hydrocarbures étant la propriété de toute la collectivité nationale, un large débat s'impose. Aussi, je me félicite que ma contribution intitulée : «le gaz non conventionnel bouleverse, la stratégie gazière mondiale et la réunion du GNL» publiée par plusieurs quotidiens nationaux, reprise par la majorité des sites internationaux et développée par la suite dans plusieurs contributions internationales et nationales, aient suscitées des débats constructifs. Lors du 10e Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), qui regroupera à Oran les ministres des 11 pays membres (l'Algérie, la Bolivie, l'Égypte, la Guinée équatoriale, l'Iran, la Libye, le Nigeria, le Qatar, la Russie, le Venezuela et Trinité&Tobago), ainsi que 3 pays observateurs qui sont : la Norvège, le Kazakhstan et les Pays-Bas, le ministre de l'Energie et des Mines algérien vient d'affirmer lors du 12ème Forum international de l'énergie (IEF), qui s'est ouvert le 30 mars 2010 à Cancun Mexique, qu'une décision importante sera prise, à savoir la baisse de l'offre de gaz afin d'ajuster l'offre et la demande pour avoir un prix juste. Qu'en sera-t-il des décisions importantes à Oran si l'on écarte les supputations utopiques d'une OPEP gaz à l'image d‘une OPEP pétrole dont la cotation se fait au jour le jour à la bourse invoquée dans un passé récent par certains responsables de l'Iran, le Venezuela (ces pays pour des raisons politiques) et l'Algérie , la Russie ayant eu toujours une position ambiguë à ce sujet, supposant que les GNL du fait de la flexibilité, avec les tankers représentent plus de 85% de la commercialisation mondiale. La réunion du GNL16 à Oran permettra t- elle d'apporter des solutions concrètes à la baisse des prix du gaz ? Telle est l'objet de cette contribution. 1. Le marché du gaz(1 tonne de pétrole = 1000 m3 de gaz =1.5 tonne de charbon) par canalisation ( 72% du marché mondial ) en 2009 et celui du GNL(28%) sont dominés par les contrats à moyen et long terme y compris sur des périodes allant de 20 à 25 ans de façon à offrir un approvisionnement garanti de base, auquel peut s'ajouter un approvisionnement couvert par des contrats à court terme, pour les périodes de forte demande. En effet, bien que des contrats à moyen et à court termes (ou transaction au comptant) sont en train d'apparaître : leur part du marché du GNL est passée de 1 % en 1992 à 8 % en 2002 et ont tendance à aller vers plus de 12/15% entre 2007/2010, encore que la crise mondiale d'octobre 2008 a freiné cette tendance. En abaissant l'offre, les pays producteurs respecteront-ils ces contrats qui, en principe, sont non révisables ? Et qu'en sera t-il pour l'Algérie qui a programmé plus de 85 milliards d'exportation horizon 2012/2014 (en moyenne 40% GNL, 60% GN) dont des dépenses réalisées sans compter ceux programmés (Medgaz et Galsi), seulement pour les canalisations, sont supérieures à 7 milliards de dollars et les 10 milliards de dollars pour les deux nouveaux GNL? Quelle sera l'attitude des consommateurs dont l'Europe, l'Algérie représentant actuellement environ 10% du marché européen? 2.-Qu'en sera t-il du projet gazoduc Trans-Saharan Gas Pipeline (TSGP), surtout sa rentabilité -devant relier le Nigeria à l'Europe- via l'Algérie, d'une longueur de 4.128 km, dont 1.037 km en territoire nigérian, 841 km au Niger et 2.310 km en Algérie, d'une capacité de 20 à 30 milliards de m3/an destinés en majorité au marché européen, où selon l'étude de faisabilité confiée à la société britannique Penspen/IPA pour la somme de 2,04 millions de dollars, le projet pour se matérialiser coûtera plus 13 milliards de dollars contre une prévision au départ de 7 milliards de dollars ramené par la suite à 10 milliards de dollars qui, au départ, sous réserve de la résolution de certains conflits frontaliers, devait permettre à l'Algérie de concurrencer Gazprom et la Norvège pour passer horizon 2015 à 15% de l'approvisionnement de l'Europe ? 3.-La mise sur le marché de capacités additionnelles de liquéfaction (57 Gm3) et de regazéification (260 Gm3) entre 2009 et 2013, ces surcapacités ne conduiront elles pas à des taux d'utilisation très faibles des terminaux d'importation GNL -avec comme résultat dans les prochaines années- l'offre de GNL surpassant fortement la demande gazière globale, avec pour conséquence une pression accrue sur les prix qui, selon Cedigaz, devrait reculer la mise sur le marché d'une offre disponible supérieure de 100 Gm3 ces deux dernières années, combinée à une forte réduction de la demande, rallongeant jusqu'à 2015-2016 la période actuelle de bulle gazière ? 4.- Cette décision influencera-t-elle les prix du gaz sachant qu'en moyenne, le prix de cession du gaz tenant compte bien entendu des fluctuations du dollar (monnaie de référence), est environ 1/10 du prix du pétrole malgré de lourds investissements encore qu'existent des différences de prix mais avec un écart faible, fonction des zones géographiques et des modalités de contrat, le prix de cession étant indexé sur celui du pétrole, le 1/10 étant valable pour le gaz naturel par canalisation , le prix de cession étant supérieur pour le gaz naturel liquéfié (GNL) devant tourner entre 10/14 dollars selon les zones géographiques du fait du cout de transport ?