Le président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, Luis Maria De Puig, a fait part de son vœu, hier à Alger, de voir l'Algérie intégrer cette institution européenne. «Notre ambition, en tant que parlementaires de la grande Europe, c'est de vous compter parmi nous et de voir aussi les pays du Maghreb rejoindre cette institution, car nous avons besoin de vous», a indiqué M. De Puig dans une déclaration à la presse, à l'issue de l'audience que lui a accordée le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. «Nous avons besoin de la présence d'un pays comme l'Algérie qui connaît l'Afrique et la Méditerranée» car, a-t-il expliqué «il s'agit d'une demande ou d'une offre pour discuter (des préoccupations) de l'avenir en Méditerranée, en Afrique et dans le monde entier». M. De Puig s'est aussi dit «très honoré de pouvoir transmettre au président Bouteflika cette ambition émanant de la majorité des pays européens qui veulent entamer une nouvelle relation avec le sud de la Méditerranée». Il a aussi précisé qu'il appartient à l'Algérie de décider avec quelles modalités elle veut participer dans cette «grande organisation européenne». Qualifiant cette demande d'»un peu égoïste» de la part de son institution, M. De Puig a, cependant, fait remarquer que «c'est une offre pouvant intéresser l'Algérie dans la mesure où notre assemblée est une grande institution avec un certain prestige moral». Il a estimé qu'ainsi, il y aura la possibilité pour que le parlementaire algérien puisse se rencontrer avec des parlementaires de toute l'Europe et de tous les pays, ce qui sera «une avancée», a-t-il dit, soulignant que l'Algérie apportera un «enrichissement» pour l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe. Par ailleurs, il a ajouté que la «conversation exceptionnelle» qu'il a eue avec le président de la République, a permis d'analyser les rapports entre l'Europe et les pays du sud de la Méditerranée, relevant que l'Algérie et les autres pays du sud de la Méditerranée ont un statut de «partenaires» à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'UE. Samedi, M. De Puig avait souligné l'importance du dialogue et la concertation entre les deux rives de la Méditerranée afin de développer le partenariat dans plusieurs domaines. Sur fond de crise économique S'exprimant lors d'une conférence animée au Conseil de la Nation sur le thème «Les voies communes entre l'Europe et le Maghreb arabe», M. De Puig a expliqué que la conjoncture socioéconomique actuelle dans laquelle se trouve l'Europe, «nécessite des échanges de vues à tous les niveaux» entre ce continent et la région sud de la Méditerranée. «Nous sommes très engagés dans la Méditerranée. La conjoncture actuelle, marquée par une crise économique dure, oblige l'Europe à avancer vers un partenariat renforcé avec les pays du Maghreb et subsahariens. Nous avons besoin du dialogue et de concertation à tous les niveaux, politiques, économiques, culturels, parlementaires et associatifs», a-t-il dit. Après avoir passé en revue l'aspect chronologique du Conseil de l'Europe depuis sa création en 1949 et rappelé son rôle et missions, M. De Puig a précisé que le partenariat en Méditerranée qu'il défend, «doit reposer sur l'aspect du co-développement, à travers des projets communs, et non pas par des projets d'aide au développement». Abordant la question de l'émigration, l'orateur a plaidé pour une concertation entre les pays d'origine et les pays d'accueil afin de «recevoir les migrants dans les conditions les plus respectueuses». Il a indiqué, à titre d'exemple, qu'en Espagne, un million de chômeurs sur les 4 millions sont des migrants et que près de 800.000 immigrés ont été régularisés en 2008. A propos du rôle de l'Union européenne (UE) dans les grandes questions internationales, notamment le conflit israélo-palestinien, M. De Puig a avoué que «l'Europe n'a pas réussi à faire avancer les choses» et qu'«elle a échoué politiquement sur cette question», relevant, toutefois, que des «efforts économiques» ont été fournis par l'UE en faveur de la Palestine. «Nous n'avons pas eu trop d'influence sur le conflit israélo-palestinien», a-t-il reconnu, soulignant, en outre, que «le Hamas (mouvement de résistance palestinien) doit être introduit dans les négociations». Concernant la lutte contre le terrorisme international, il a estimé que cette lutte «n'est pas une guerre, mais elle nécessite beaucoup d'efforts et de concertations internationaux, afin d'être menée sans abus ni excès».