L'Etat algérien veut créer ses propres holdings. Sur les 12 grands groupes programmés, quatre groupes sont déjà mis en marche. Est-ce qu'on assiste à une politique «socialisante» du secteur public ? D'après les observateurs, les réformes de Temmar dénotent d'une volonté de l'Etat à se constituer en lobbies industriels pour faire barrage aux «parasites» et aux « faux investisseurs » qui se sustentent de l'Etat sans apporter le moindre progrès. «Cette stratégie n'est nullement un ersatz du socialisme, mais elle s'inscrit dans la tradition libérale ; néanmoins, elle est une réponse à une sollicitation conjoncturelle qui impacte fortement la législation sur la question de la politique industrielle où il n'y a pas d'autres considérations plus élevées que l'intérêt national. Ceci dit, l'annonce faite, avant-hier, par Hamid Temmar portant sur l'installation de quatre groupes industriels dans le cadre de la mise en oeuvre de la stratégie nationale de l'industrie confirme le retour prépondérant de l'Etat dans le domaine industriel. Selon nos responsables, les réformes de l'Industrie ne veulent absolument pas faire marche arrière pour retourner à l'ère prodigue du socialisme, loin s'en faut. En fait, l'Etat veut avoir ses propres grands groupes, en cette conjoncture, où les partenaires privés (locaux et étrangers) n'affichent pas de «bonnes et sérieuses» volontés d'investissements ou de partenariat avec le secteur public, note-t-on. En d'autres termes, l'Etat veut être un protagoniste de taille dans le secteur industriel. Ces holdings seront gérés, selon Hamid Temmar, sur le modèle libéral, à l'instar des grands holdings privés mondiaux. Du côté du patronat, on reste sceptique quant à ces dernières mesures : «c'est un retour vers le socialisme maquillé». Pour revenir aux dernières décisions du département de l'Industrie de Hamid Temmar, l'Etat a installé quatre grands groupes «névralgiques». Il s'agit du groupe industriel des ciments d'Algérie (Gica), Saidal, la société nationale de tabacs et allumettes (SNTA) ainsi que Cosider, a précisé Hamid Temmar qui exposait le bilan de son secteur de ces deux dernières années devant les membres de la commission des affaires économiques, du développement, du commerce et de planification de l'APN. Le groupe industriel des ciments d'Algérie (Gica) qui a été installé en novembre dernier, a bénéficié d'une enveloppe financière de 180 milliards de DA dont 64 milliards de DA représentent un crédit à long terme octroyé par le fonds national d'investissement (FNI). Saidal a bénéficié d'un crédit de 16 milliards de DA octroyé par le FNI pour le financement de son plan de développement. La SNTA a entamé, pour sa part, son plan de développement avec un autofinancement de 6 milliards de DA. Le groupe Cosider a eu l'aval du Conseil des participations de l'Etat pour son plan de développement dont la mise en oeuvre nécessite une enveloppe financière de 31,5 milliards de DA sur lesquels 25,7 milliards de DA représentent un crédit octroyé par le FNI, a indiqué M. Temmar. 140 milliards pour Sonacome Le plan de développement de la société nationale de constructions mécaniques (Sonacome) a été soumis au conseil des participations de l'Etat. La mise en oeuvre de ce programme nécessite une enveloppe financière de 76 milliards de DA dont 64 milliards pour l'effacement des dettes, a ajouté le ministre. Ces mesures s'inscrivent dans le cadre d'une «stratégie globale visant la création de 9 grands groupes industriels composés de 300 entreprises activant dans l'industrie électrotechnique, l'électroménager, les industries métalliques et métallurgiques, l'industrie mécanique, l'industrie chimique, les produits d'assainissement, le textile, les cuirs et la menuiserie». 5 zones industrielles pilotes Un plan relatif à l'élargissement de l'espace des zones industrielles de développement intégré a été mis en place et sera prochainement soumis aux walis, a indiqué le ministre. Dans ce cadre, 5 zones industrielles pilotes ont été créées dans les wilayas de Annaba, Sétif, Bordj Bou Arreridj, Oran et Sidi Bel Abbes. Concernant le bilan du programme ministériel pour la réhabilitation des entreprises, M. Temmar a indiqué que cette opération avait touché jusqu'à présent 163 entreprises. «Ce chiffre reste assez faible en comparaison du nombre global des entreprises concernées qui est de 10000», a-t-il souligné. Evoquant la politique de développement de l'innovation, le ministre a précisé que la loi sur l'innovation a été soumise dernièrement aux services du premier ministère parallèlement à la préparation d'un décret relatif à la création de centres techniques industriels. Pour ce qui est du développement des ressources humaines, M. Temmar a annoncé le transfert de l'institut national de la productivité industrielle à l'école supérieure des cadres d'entreprises, soulignant l'existence d'un projet portant sur la création de 5 entreprises similaires à travers le territoire national. Dans le même sens, les services du ministère ont effectué une étude portant sur la création d'un institut supérieur de la logistique industrielle et dont les résultats seront soumis au gouvernement en septembre prochain.